Zoo d’Amiens, un voyage végétal

Cœur paysager en milieu urbain, le Zoo d’Amiens connaît actuellement une mutation profonde de ses espaces. Une occasion unique d’interroger la place du végétal mais aussi de rendre hommage à ces plus de 200 espèces qui concourent à cette plongée subtile dans l’ailleurs.
Par Diane La Phung
ZOO_AMIENS_07_2021_©GUILLAUMECROCHEZ-052

Entourée par des marécages, la construction de la ville d’Amiens a de tout temps nécessité un véritable dialogue avec la nature. Le développement du quartier de la Hotoie n’a pas fait exception à cette tradition. C’est d’ailleurs là qu’au XIXe siècle, on décida de créer un jardin botanique, un lieu où l’on pouvait à la fois apprendre et se détendre. Logiquement, c’est au cœur de ce patrimoine végétal que fut installé il y a tout juste 70 ans le Zoo d’Amiens. Pendant 7 décennies, le parc zoologique fut un peu le jardin secret des Amiénois où l’on venait aussi bien découvrir des sujets à plumes, à poils ou à écailles qu’arpenter de jolies allées ombragées.

Mais depuis 2019, l’endroit s’est engagé dans une profonde mutation, alliant rénovation complète de l’existant et création de nouveaux ilots. L’objectif ? Proposer à l’horizon 2025 un espace de 8 hectares dédié à l’animal et son environnement. Chose originale, le projet a été confié à l’Atelier Osty et associés réputé pour son savoir-faire en matière de paysage. Un choix qui démontre la place centrale qu’occupe ici le végétal.

Tendre vers un paysage durable

« Il est nécessaire de bien faire la différence entre le projet et le quotidien : Le projet nous encourage à travailler sur le long terme et à interroger nos pratiques. Le quotidien est plus immédiat avec le binage des allées, l’entretien des espaces… » souligne Céline Waquet, responsable technique et sécurité du Zoo d’Amiens qui dirige une équipe composée d’agents techniques, de sécurité et de jardiniers. Deux réalités qui se nourrissent l’une l’autre et impulsent de grands changements. « Nous avions l’habitude de planter des bulbes, ce qui nous permettait de créer facilement des paysages très esthétiques mais éphémères. Aujourd’hui nous privilégions d’autres végétaux moins consommateurs d’eau » détaille-t-elle.

Des vivaces qui ont cependant besoin de temps pour s’installer et créer un nouveau paysage. « Il faut savoir se projeter et être patient : une plante a besoin de temps pour qu’elle prenne sa place » sourit Céline Waquet. Une approche plus durable qui s’est matérialisée dès la création d’Archipels, zone dédiée aux écosystèmes insulaires et continentaux d’Asie du Sud-Est. Une évolution des pratiques qui a naturellement nécessité de la pédagogie auprès des équipes mais aussi un réapprentissage de certaines essences. « La sélection s’est faite en collaboration avec les paysagistes de l’Atelier Osty mais aussi avec le vétérinaire : il faut être très vigilant à ce que l’on va mettre dans les enclos. Il faut également penser à la protection des végétaux et accepter que parfois cela ne fonctionne pas : Les cerfs et les cervidés mangent tout, rien ne leur résiste. Cela peut être frustrant, mais nous travaillons avec du vivant » confie Céline Waquet.

Ce chantier titanesque a cependant permis de redécouvrir certains arbres remarquables et provoquer de subtils traits d’union : Les grues ont par exemple trouvé place à côté de cerisiers présents de longue date, créant naturellement une atmosphère très japonisante. 

Voyager à travers le végétal

« Le miscanthus recrée parfaitement les hautes herbes, les grandes graminées donnent un côté bord de mer »

Céline Waquet

« La notion de voyage est très importante pour nous. Au-delà de la découverte de l’animal, l’évasion passe par la stimulation des 5 sens. L’odeur épicée ou poivrée d’une plante, la douceur de ses feuilles ou au contraire son piquant participe pleinement à cette plongée dans l’ailleurs » observe Pierre Bouthor, chargé de communication du Zoo d’Amiens.

Pas question cependant d’intégrer des végétaux exotiques incompatibles avec l’écosystème local. « En fonction des zones et des animaux présents, nous faisons des clins d’œil à leur milieu d’origine en utilisant d’autres plantes. Le miscanthus recrée parfaitement les hautes herbes, les grandes graminées donnent un côté ‘’bord de mer’’ à un espace. Il faut savoir tricher » confie Céline Waquet. Pour renforcer ce sentiment de dépaysement qui accompagne la découverte d’Archipels, Rivages ou de la Clairière, le Zoo d’Amiens peut aussi compter sur le savoir-faire de ses jardiniers. Leur doigté expérimenté permet ainsi de créer des fenêtres de vision sur l’animal comme des zones denses pour lui permettre de se cacher… Un jeu d’équilibre et de trompe l’œil qui sert autant l’expérience du visiteur que le bien-être des espèces qui vivent ici. Une approche durable et respectueuse de l’environnement qui pourrait inspirer à tous les jardiniers en quête d’exotisme : le végétal d’ici peut aussi vous entrainer ailleurs.

« L’odeur épicée ou poivrée d’une plante, la douceur de ses feuilles ou au contraire son piquant participe pleinement à cette plongée dans l’ailleurs »

Pierre Bouthors

Texte : Diane La Phung
Photos : Amiens Métropole – Zoo d’Amiens
02 février 2023
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