Ce qu’il y a de fascinant avec l’Heroic fantaisy, c’est qu’il nous transporte autant dans le passé que dans le futur sans sombrer dans les noires atmosphères du courant steampunk. Sylvie Facon appartient à ce monde enchanté. Une fée du 21e siècle qui, à sa manière, s’est toujours affranchie de l’espace-temps car « la mode, je m’en fiche. » Après tout, n’a-t-elle pas tissé son parcours seule, observée du coin de l’œil par « des parents qui ne me prenaient pas au sérieux ? » Pas d’école de stylisme donc mais une imagination débordante qui germe très tôt en elle. « Petite, je m’occupais en dessinant. Je ne copiais jamais. J’inventais des univers que je gardais pour moi », raconte-t-elle. Une « naturocratie » qui ressemble à la forêt de Gougane Barra (Irlande du Nord) où les lutins farceurs jouent à cache-cache derrière les pins sylvestres. Mais sa réalité c’est Arras, où les vénérables arbres se font rares. Il faut croire qu’il y a une source inspirante intarissable car depuis tout ce temps, la créatrice n’a rien perdu de sa fertile créativité.
Mondes fabuleux
Tout se passe entre six heures et neuf heures du matin. « Après, la journée peut commencer… » Trois heures à laisser libre cours à ses seules envies, à « se faire plaisir sans aucune contrainte, à pousser une idée à son maximum. » Comme cette robe élaborée à partir de reliures d’un grimoire tout droit sorti de la bibliothèque de Gandalf-le-Blanc. « Un livre qui entoure un corps, c’est intéressant, non ? » Le buste a été réalisé à partir d’un tissu organza sur lequel elle a recopié quelques passages. On ose à peine regarder de peur de faire flétrir quelque chose. « N’ayez crainte. C’est robuste. J’ai intégré des baleines dans les coutures. Il y a de la technique derrière la fantaisie. » Ouf !
Sylvie Facon en quelques dates
- 1995 : réalise sa première robe de mariée
- 2002 : Fait la connaissance de la Maison Jean Bracq, prestigieux fabricant de dentelles.
- 2007 : expose au musée de la Dentelle de Caudry.
- 2009 : débute officiellement sa carrière de styliste-modéliste.
- 2016 : conçoit un défilé au Louvre-Lens sur le thème 7 oeuvres, 7 robes.
- 2018 : ouvre sa vitrine Instagram, immédiatement prise d’assaut par 45000 followers.
- 2019 : donne des cours à l’Ecole de Haute Couture de Téhéran.
Dentelles et matières
“ La mode, je m’en fiche…”
Des robes peintes d’inspiration préraphaélite, des robes-nymphes, des robes surpiquées de fleurs, de rubans et surtout, des robes où s’exprime la dentelle sous toutes ses coutures. Violette, Chantilly, guipure, dentelle rebrodée, perlée… Sylvie Facon protège ses mondes d’une maille de dentelle. Des mondes agrémentés de matières fabuleuses à l’image de cette robe en fibres de banane si irradiante qu’on dirait de la paille d’or. Une autre en hommage à Ronsard [« Mignonne, allons voir si la rose… »] auréolée de velours, une troisième en résille dorée et crin plat dite Robe-tatouages. « Avant, je donnais des noms à mes créations. Plus maintenant », note-elle.
Harmoniser, valoriser
Après neuf heures commence la seconde phase du métier. « Les robes que vous avez vues, c’est bon pour les défilés. Elles n’ont d’autre but que de me plaire. En revanche, quand quelqu’un vient me voir, souvent pour un événement marquant, elle a déjà son univers. Il faut nous harmoniser, créer quelque chose qui la valorise, qui lui ressemble. » L’écoute, c’est peut-être ça sa carte-maîtresse. Dans une vie antérieure, Sylvie Facon fut éducatrice pour jeunes femmes désœuvrées. « Des filles abandonnées, laissées à elles-mêmes. Le métier de styliste correspond à mon tempérament car il implique aussi cette proximité. » Aujourd’hui, ses « filles » montent sur les podiums et irradient le public. Comme un lever de soleil réveille les cimes du mont Carrauntuohil du Parc national de Killarney.
Visite de l’atelier
L’atelier de Sylvie facon se visite uniquement sur rendez-vous.
Rue du Presbytère Sainte-Croix à Arras.
Tél : 06 13 05 75 67
instagram.com/sylviefaconcreatricefrance
Facebook : Sylvie Facon Créatrice