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Après avoir changé de carrière, So’, originaire de Béthune, a trouvé son épanouissement en dirigeant Sojun, un restaurant qu’elle a souhaité accueillant comme un foyer, où elle mélange les saveurs asiatiques et les souvenirs de son enfance.
Dans l’atmosphère lumineuse de son établissement béthunois, elle vous accueille avec un sourire aussi chaleureux que naturel. Sur un grand tableau noir au mur, son parcours est dessiné, entre ses racines cambodgiennes et vietnamiennes d’un côté, et le bassin minier où elle réside et où elle se procure ses ingrédients pour cuisiner de l’autre. Bien qu’elle soit officiellement nommée Hélène Sam, So’ n’est connue ici que sous son surnom, dérivé de son prénom cambodgien Sokha, qui signifie bonheur et qui lui a peut-être porté chance.
Le plaisir des repas de famille animés
La cuisine est pour elle une vocation qui s’est révélée tardivement. C’est après une première carrière dans l’insertion professionnelle et un changement personnel qu’elle s’est laissée guider par sa passion il y a six ans. Même si avant l’ouverture de Sojun, So’ avait déjà acquis une petite notoriété avec un food truck, se lancer seule dans la cuisine était un défi. « Personne ne croyait en moi. On me disait : tu es une femme, tu as deux enfants à charge…
Les débuts ont été difficiles », se souvient la jeune femme, dont le restaurant ne comptait alors que seize places assises. « Mais le bouche-à-oreille a rapidement fonctionné et un an plus tard, nous refusions 10 couverts par jour ».
Depuis, So’ a agrandi son espace et déménagé dans un lieu plus spacieux, tout en conservant une ambiance à la fois zen et confortable. « Je rêvais simplement d’un petit restaurant, d’une cantine et je ne voulais surtout pas qu’on m’appelle chef », plaisante-t-elle.
Car pour elle, la cuisine est étroitement liée à ses souvenirs d’enfance et aux plaisirs des repas de famille animés. Ceux qu’elle a connus à Roubaix, où ses parents se sont installés après avoir fui le Cambodge des Khmers rouges et où elle est née. La famille était nombreuse et les moyens limités, mais sa mère faisait preuve d’une grande créativité pour que chaque repas soit une célébration. « Surtout, ils ont insisté pour nous élever à la française. Nous mangions des plats asiatiques et des frites ou des pâtes », raconte-t-elle. « J’étais fascinée par ce que faisait ma mère. Je me sentais bien en cuisine. Et toutes ces saveurs me rendaient heureuse. »
Curry au maroilles
So’ a conservé un véritable talent pour une cuisine authentiquement fusion, revisitant les classiques de la cuisine asiatique à la sauce chti. « Je cuisine à l’instinct et en fonction de mes émotions », commente-t-elle. Cela donne par exemple un welsh nem ou un poulet curry sauce maroilles.
Ou encore le burger du mineur, une réinterprétation du phô vietnamien dans un pain au charbon végétal. Le tout en utilisant les épices avec modération. « Les gens d’ici ne connaissent que la cuisine chinoise et japonaise », explique-t-elle. La carte change toutes les semaines et est élaborée avec des produits bio et locaux, ce que So’ appelle le « frais maison ». Et si elle est seule en cuisine, elle s’entoure de personnes en difficulté pour faire fonctionner le restaurant. « Mon ancien métier m’a fait réaliser qu’il y a un fossé entre la restauration et les personnes en réinsertion », témoigne-t-elle.
Son engagement lui a valu d’être lauréate du Trophée des Femmes de l’économie, dans la catégorie innovations sociales. Très impliquée dans la dynamique de sa ville, elle est élue au conseil municipal en charge de la délégation économie sociale et solidaire et fait partie du Comité Artois initiative pour l’aide à la création d’entreprise. Tout en trouvant du temps pour de nouveaux projets. Elle vient ainsi de mettre en place une légumerie-conserverie en circuit court, ouverte aux autres restaurateurs. Et au printemps, elle lancera avec son compagnon Gauthier Leprince, un food court dans le quartier en plein essor de la gare de Béthune. Un bonheur n’arrive jamais seul.