Raimbeaucourt, la maison ronde
qui tourne avec le soleil

C’est dans la commune de Raimbeaucourt que Dominique et Bertrand Sibile ont mené leur projet, un peu fou, à terme. La construction d’une maison ronde, capable de tourner pour être toujours face au soleil. Rencontre. 
Par Nadia Daki
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A la fois visionnaire, avant-gardiste et même aventuriers, Dominique et Bertrand Sibile n’ont pas eu peur d’être des pionniers. « J’habitais la maison juste en face que celle que j’ai construite en 1991, commence Bertrand Sibile. Même si cette dernière est des plus conventionnelles, j’aime tout ce qui peut sortir de l’ordinaire. » Alors lorsque cet ingénieur en mécanique tombe en 2004 sur une émission qui présente une ferme ronde dans le Kent, c’est le déclic. Il mène quelques recherches, obtient des dépliants qu’il laisse négligemment sur la table du salon. « Lorsque ma femme a vu les brochures, elle a tout de suite été partante. »

Se heurter aux aspects réglementaires

Ils se projettent sur la parcelle qu’ils possèdent. « Une maison ronde se pense autrement par rapport à une maison conventionnelle. La façon de la construire et de l’aménager est très différente et il faut trouver les artisans capables de le faire », poursuit-il. Le concept a été imaginé par une société bretonne, Domespace dans les années 80. Essentiellement en bois, la maison comporte une structure centrale en acier et des velux en aluminium. « Je l’ai redessinée complètement pour savoir comment on allait y vivre mais aussi pour les aspects techniques comme le passage des circuits électrique. Domespace fournit un kit comprenant l’ossature complète mais charge à nous de gérer tout le reste », précise le propriétaire. En réalité, les aspects techniques ont vite été résolus contrairement aux aspects réglementaires. « Ce fut un parcours semé d’embûches, se souvient encore l’ingénieur. La personne en charge de la certification d’urbanisme opérationnel avait quelques doutes quant à l’esthétique de la maison qui, selon elle, dénoterait par rapport aux maisons en briques et en tuiles. »

Des avantages très vite appréciés 

Ce fut tellement long que le couple a même failli abandonner le projet. « On avait vendu notre maison d’en face et nous étions en location pendant plusieurs mois. L’autorisation tardait trop à venir. » Las, il envoie un courrier au ministre Jean-Louis Borloo, alors en charge à l’époque de l’écologie et décide de creuser lui-même les fondations. Nous sommes en 2009. Tous les week-end, jours fériés et vacances sont consacrés à la maison. Et la délivrance administrative arrive. « Le ministre nous accorde finalement un permis de construire tacite. Il aura fallu attendre plusieurs années », souffle-t-il. Alors que la construction, elle, va s’étaler sur neuf mois à peine. Les propriétaires sont formels, le prix au m2 est plus cher de 12 à 15% mais les avantages sont tellement plus nombreux que ce surcoût est très vite compensé.

D’une surface totale de 220 m2, la maison dénote aussi bien depuis l’extérieur que l’intérieur. Bien que reculée par rapport à la rue principale, son dôme interpelle les curieux. Certains l’appellent champignon, d’autres soucoupe volante. Sa forme atypique confère automatiquement au lieu un aspect cocooning. « On s’est aperçu très vite que la maison est sèche, apprécie Bertrand. Le taux d’hygrométrie est en permanence à 34%. Le bois permet d’absorber l’humidité mais les sons aussi, il n’y a pas de réverbération. »

Une exposition optimisée en suivant le soleil

Située à 2m80 du sol, elle offre une vue imprenable sur la plaine. « C’est en quelque sorte un nid. Ici, tout est calme. Et, comme on est à hauteur de la cime des arbres, on est à la hauteur du vol des oiseaux », savoure-t-il. D’ailleurs, le couple a privilégié la vue au soleil. Dans ses entrailles, la maison possède des câbles qui lui permettent de tourner sur 330 degrés et ainsi suivre la progression du soleil. Il lui faut à peine dix minutes pour faire un tour et ce, sans aucun bruit. « Nous sommes orientés plein Nord car nous préférons privilégier la vue sur les champs plutôt que sur la rue et les habitations. Le dispositif nous permet de suivre ou de fuir le soleil. Mais en réalité, les matériaux utilisés nous assurent un confort tel quel que nous ne la faisons même pas tourner. » Avec un rayon de 8,71 m pour un diamètre de 17,4 m, la maison se répartit sur deux niveaux. On se sent enveloppé par sa forme et par l’ambiance qu’elle dégage.

Son concept diffère de l’Héliodome, maison imaginée à Crosswiller par Eric Wasser. « Le principe reste le même, elle récupère les calories du soleil en hiver et protège de ses rayons l’été. Mais, là où la différence est la plus notable, c’est dans la construction. L’héliodome est une toupie avec une partie enterrée. Et sa forme varie avec la latitude. Elle ne tourne pas mais s’incline en fonction de la position du soleil », explique Bertrand Sibile. Car en bon curieux qu’il est, il s’est intéressé à cette maison pour leur nouveau projet. « On voudrait s’installer en Bretagne. On vient juste d’obtenir un permis de construire », sourit-il. Convaincus par leur expérience, ils signent à nouveau pour une maison ronde. « Elle sera en bois, circulaire avec une disposition radiale. On a exploré plusieurs pistes, retourné les choses dans tous les sens pour finalement se dire que ce type de maison nous convient très bien », conclut-il.

Texte : Nadia Daki
Photos : Laurent Desbois – Lwood
06 avril 2023
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