Quelle future politique d’énergie en Hauts-de-France ?

Avec ses activités industrielles et agricoles consommatrices d’énergies fossiles, la région des Hauts-de-France ambitionne de devenir leader dans les domaines du biogaz et de l’hydrogène, tout en poursuivant le déploiement des énergies décarbonées (électrique, gaz et hydrogène).
Par Gaëtane Deljurie
HADF-energie

Qui aurait cru qu’une région qui a extrait du charbon pendant près de trois siècles puisse devenir le chantre des énergies renouvelables ? L’immense mouvement de transformation a été lancé en 2013, sous le nom de Troisième Révolution Industrielle, rebaptisée aujourd’hui Rev3. L’objectif était initialement de faire se croiser la courbe de la consommation d’énergie et celle de la production d’énergies renouvelables en 2050… 

Le conseil régional des Hauts-de-France se donne en tout cas les moyens : l’assemblée a adoptée, en juin 2020, son projet de Schéma Régional d’Aménagement de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (SRADDET). Un terme très technique derrière lequel se cache notamment la politique en matière d’aménagement du territoire (par exemple les transports ou l’isolation des logements) mais aussi et surtout en termes de productions de nouvelles énergies.  

« La stratégie régionale repose sur la recherche d’une diversification du mix énergétique (NDLR : bouquet de différentes énergies) et la mise en place d’un système énergétique, où les territoires deviendront prépondérants (…) afin de favoriser leurs autonomies énergétiques, celles des entreprises et des habitants », peut-on lire dans le document de synthèse du SRADDET. 

C’est pourquoi le SRADDET fait le pari l’énergie issue de la biomasse et du biogaz (méthane) par le recyclage des matières organiques, présentes en quantité dans la région du simple fait de la présence de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire.  

Avec son littoral, la région peut aussi compter sur les énergies marines renouvelables et l’éolien off-shore. A commencer par l’immense projet d’un parc de 46 éoliennes en mer, de la taille chacune de la tour Eiffel, au large de Dunkerque, prévues pour 2028. La région mise également sur les technologies de marémoteur, utilisant la force motrice des marées et l’hydrolien, qui utilise l’énergie cinétique des courants marins ou fluviaux. A l’horizon 2031, il est estimé que cette production pourrait être comprise entre 1,75 et 4,3 TWh12.  

Puisque la région possède d’importants massifs forestiers situés au sud de la région et que ses surfaces boisées ont augmenté de 9 % entre 1998 et 2013, le futur plan énergétique laisse également une belle place à la filière bois-énergie. Même s’il est question, pour les particuliers, de déployer des chaudières ou de poêles à bois plus performants, pour limiter la pollution de l’air tout en préservant la ressource (les chaudières de grande puissance et les réseaux de chaleur maîtrisant les émissions des polluants). 

Le taux d’ensoleillement en Hauts-de-France est largement suffisant pour produire de l’énergie solaire

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le taux d’ensoleillement en Hauts-de-France est largement suffisant pour produire de l’énergie solaire. Plusieurs initiatives ont d’ailleurs vu le jour, avec la création d’un collectif, de fonds d’investissements mais également la volonté du conseil régional de mettre à disposition les 300.000 m2 des toitures de lycées pour des projets photovoltaïques privés. Après un premier appel à projet en 2022, la Région Hauts-de-France souhaite désormais « massifier » le solaire photovoltaïque, en mettant de l’autoconsommation individuelle ou collective et en encourageant les projets innovants. 

Seule l’énergie éolienne a été volontairement négligée, le SRADDET se justifiant avec une «saturation sur certains territoires». Les énergies renouvelables se sont en effet développées rapidement dans la région : les Hauts-de-France sont aujourd’hui la deuxième région productrice d’énergie éolienne de France en concentrant, fin 2016, 23,5 % de la puissance totale raccordée au réseau français, soit 2.740 MW (source RTE).  

Sauf que le tribunal administratif a retoqué en janvier dernier cette partie du SRADDET : il estime que l’accroissement de la production d’énergie éolienne ne pas conduit pas nécessairement à augmenter le nombre d’éoliennes implantées sur le territoire régional… 

Le pari de produire plus d’énergies renouvelables que ce que la région consomme sera-t-il gagné en 2050 ? Le chemin va être long puisque la production d’énergies renouvelables est aujourd’hui encore faible dans les Hauts-de-France. En 2015, elle était estimée à seulement 19 TWh, soit 9% de la consommation d’énergie finale régionale (alors qu’elle est de presque 15% en moyenne nationale). L’objectif est aujourd’hui de à 28% en 2031.

Texte : Gaëtane Deljurie
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