Ptipot’, récolter ce qu’on s’aime

C’est contre-nature de vouloir maîtriser la nature. Ptipot’, jeune entreprise basée à Ruitz (Béthune) aide à appréhender le jardin avec un peu plus de respect pour les plantes et le petit peuple qui y habite.
Par Joffrey Levalleux
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Un hôtel précurseur  

En langage d’initiés, on appelle ça une serre géodésique. C’est-à-dire en forme de nid d’oiseau. Composée d’une mosaïque de triangles isocèles, la boule qui attire notre œil ressemble à un vaisseau spatial qui aurait atterri au milieu des herbes folles. La vérité est tout autre. Quand on entre dans l’OVNI, on tombe sur des plants de tomates, de courgettes et de salades, tout ce qu’il y a de plus terrien. Bien au chaud derrière les parois translucides, les futurs légumes attendent d’être plantés juste à côté, dans des planches de culture au jardin du Tourhôtel de Béthune. Un lieu atypique désiré par Léa et Pierre Bodin, les propriétaires de cet établissement pionnier en matière d’approche environnementale. « Au départ, on avait deux composteurs et des cuves de récupération d’eau de pluie. Puis, on s’est dit qu’il fallait aller plus loin. Faire de ce terrain inexploité un lieu où la nature pourrait s’exprimer librement », explique Léa. C’est là que Valentin Mouronval entre en scène. 

Une philosophie de vie 

Petit flashback. Nous sommes en 2019. Convaincu qu’il n’y a rien de plus contre-nature que de corseter mère Nature, le jeune homme vient de créer Ptipot’. Spécialisée dans les services en permaculture, sa société n’a certes qu’un an d’existence mais Valentin entend bien profiter de cette rencontre providentielle avec les Bodin pour faire germer ses idées. Et asséner un bon coup de pelle sur les a priori. « Dans la tête des gens, la permaculture se résume à la pose de paillis. En réalité, c’est une philosophie de vie qui redéfinit la place de l’homme au sein de l’écosystème », explique celui qui a fait sien ce précepte. 

Détenteur d’un master en marketing, il a en effet choisi la voie de la passion plutôt que de s’embourber dans un substrat professionnel infertile. Aider les autres à cheminer, tel est aujourd’hui son credo. Dans les écoles, auprès des particuliers ou carrément chez les professionnels (cf. ci-dessous). Mais revenons au Tourhôtel où Valentin entend « accompagner une volonté de changement. » Celle-ci se concrétise entre autres par la création d’une haie morte (refuge à insectes) et par la plantation de fruitiers qui ne demandent qu’un peu d’amour. « Tout s’entretient tout seul. Même les aléas climatiques peuvent faire évoluer les choses », souligne Léa. A l’image du vénérable saule tombé lors de la tempête de printemps. Ses rondins seront un excellent habitacle à champignons.      

« La permaculture, c’est une philosophie de vie qui redéfinit la place de l’homme au sein de l’écosystème »

Valentin Mouronval

Paysagiste, maraîcher et psychologue 

Pour comprendre les racines de la démarche, il faut commencer par ne pas se voiler la face. Admettre que le stress hydrique n’est pas un mythe, que les meilleurs écosystèmes se développent dans les friches et qu’ « un jardin aseptisé est synonyme de mort alors qu’un jardin en bataille génère de la vie. Le terme mauvaises herbes en dit long sur notre capacité à refuser la réalité, poursuit Valentin Mouronval. Et si je me considère comme un mélange de paysagiste, de maraîcher et de psychologue, la mission qui me donne le plus de fil à retordre est la dernière. » Alors si vous voyez un pissenlit dans votre allée, pas de panique. Ça veut tout simplement dire que la qualité de la terre s’améliore. Idem pour les chardons. Leur présence indique que le sol est propice à faire pousser des artichauts. 

PTITGRAIN’, GRANDE IDÉE

Ptitgrain’, dernière idée à avoir germé dans l’esprit de Valentin Mouronval, nécessite quoi  ? Deux containers maritimes en fin de vie, une serre de 10 m², quelques outils de jardinage, une cuve de récupération d’eau de pluie, un espace de compostage, des graines, un peu de paille, du terreau, une cellule de production d’électricité et surtout un potager. Le reste n’est que bonne volonté. Imaginée comme une alternative à la gestion des espaces extérieurs des industriels et collectivités, l’idée n’en est qu’à ses débuts. Une première version vient en effet d’être installée au milieu de l’immense terrain de l’entreprise Lenze à Ruitz, géant allemand spécialisé dans la fabrication de moteurs électriques et de variateurs de vitesse. Ici, l’objectif est d’améliorer le cadre des salariés en leur offrant la possibilité de récolter le fruit de ce potager XXL. Et de goûter aux bienfaits de la permaculture. 

En savoir +

www.ptipot.fr

06 95 70 98 95 

Texte : Joffrey Levalleux
Photos : Florent Burton
22 juin 2022
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