Prolonger la maison et sublimer l’existant

Difficile de distinguer l’existant de l’extension dans les réalisations de l’architecte Alain Demarquette, tant son travail consiste à fondre l’un dans l’autre pour ne former qu’un seul et même ensemble. Au Touquet, plusieurs de ses interventions ont redonné du caractère à certaines villas en y apportant beaucoup de modernité.
Par Nadia Daki
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A première vue, difficile d’imaginer que ces maisons ne sont pas sorties de terre tel quel. Leurs lignes se confondent voire se fondent les unes aux autres et les couleurs viennent unifier le tout. Quelles parties sont antérieures à quelles autres ? Cette question est une véritable énigme. C’est tout l’art de l’architecte Alain Demarquette, mais c’est aussi ce qui l’anime. « J’aime quand le résultat est homogène. Pour y parvenir, j’utilise l’histoire de la maison. » Ainsi, il baptise toujours ses projets de sorte que le nom reflète les caractéristiques de ces derniers. Par exemple, l’extension et le réaménagement de cette villa située en forêt du Touquet répondent naturellement au nom de « Vill’à Déclinaisons ».

Jouer avec les lignes pour donner du rythme

« On est parti d’une maison avec un peu de charme mais quelconque et vieillissante, raconte Alain Demarquette. L’idée était de l’étendre et de la recomposer à partir de la bâtisse initiale. » L’harmonie d’ensemble se décline en un réseau de volumes qui s’étirent d’est en ouest de la villa. L’extension de 52 m² donne naissance à l’est à une chambre parentale cosy avec accès direct au fond du jardin.

Le dégradé de vert que l’on retrouve sur les murs, rideaux et tête de lit crée une continuité avec l’extérieur. A l’ouest, l’ancien garage a laissé place à un joli petit atelier de peintre et à un petit salon complémentaire. Le réaménagement, d’une surface de 105 m², concerne la partie existante. La décoration, réalisée conjointement par DS Décoration & Aménagement d’intérieur et la propriétaire, se veut chaleureuse avec des teintes douces et des luminaires ronds et aériens.

Mais le véritable parti pris de l’architecte se trouve sans aucun doute dans le choix d’une tuile blanche émaillée pour la toiture. « Le vrai challenge était de casser ce côté traditionnel de la toiture et de lier le tout par cette couleur blanche monochrome qui crée un lien physique entre les différentes parties du projet. Ainsi, l’existant et l’extension sont unis par une seule et même teinte. Cette volonté de « givrer » l’existant puis de la décliner radicalement, permet de magnifier à la fois la nouvelle habitation et son arrière-plan en créant un effet de contraste saisissant entre les deux éléments », note Alain Demarquette. Ces tuiles Wienerberger ne présentent pas seulement un côté esthétique, elles assurent également une meilleure réflexion du soleil et réduisent ainsi la chaleur entrante.

Sauvegarder l’essence de l’existant

Jouer sur les teintes pour créer cette unité d’ensemble est une des marques de l’architecte. On retrouve cette spécificité dans la villa « Souris Verte », livrée il y a tout juste un an et demi. Située dans un quartier très boisé du Touquet, elle doit son nom en clin d’œil à la villa « Chat Perché ». Très cubique, avec des perspectives intérieures et extérieures qui se répondent, Souris Verte comporte une extension de type surélévation (le nombre de niveaux reste identique mais le volume est plus important). Exit la toiture en pente et place à une toiture terrasse qui confère un caractère plus moderne à l’ensemble.

« C’était un beau projet et un beau pari car il y a un certain nombre de villas iconiques à proximité, ajoute Alain Demarquette. Il s’agissait d’intégrer l’existant, au rez-de-chaussée, à la partie projetée. » Ce souci de mémoire s’apprécie sur le choix des teintes. La teinte blanche de la façade existante est reprise à l’étage pour souligner et donner mouvement et orientation aux nouveaux volumes. A l’inverse, les éléments de structure de l’existant d’un gris soutenu sont repris à l’étage en façade par un bardage bois à claire-voie. Les pierres de parement extérieures deviennent un élément de décoration depuis la salle de bain de la suite parentale. La cuisine ouvre le regard sur une forêt de bambous qui complète parfaitement l’aspect plus angulaire et cubique de la maison. « J’aime travailler autour de l’identité et de l’âme d’une maison », résume l’architecte qui finalement les cerne pour mieux les révéler.

L’arbre, comme élément fondateur d’un projet
La villa « Souris Verte » doit, en grande partie, son âme à un arbre si particulier qui nous cueille d’emblée : l’araucaria. Originaire du Chili, il trône fièrement à l’entrée de la villa. Majestueux, il lui confère même quelques titres de noblesse, rendant l’édifice unique. « Il fait littéralement partie de la composition de la maison. D’ailleurs, nous avions mis en place tout un système de protection durant les travaux », se souvient Alain Demarquette.

Trois questions à Alain Demarquette, architecte DPLG, installé à Cambrai au Touquet et à Paris

Pourquoi aimez-vous travailler sur l’existant ?
Mon diplôme, en 1993, consistait déjà en la restructuration de la citadelle impériale de Charles Quint à Cambrai. Lorsque cela est possible, j’aime sauver l’existant. Raser peut paraître la solution de facilité. Or, conserver, restructurer, repenser, sont des challenges que j’aime relever.

Quand avez-vous commencé à travailler au Touquet ?
Mes premiers beaux projets au Touquet datent de 2001. A l’époque, c’était une belle endormie. Aujourd’hui, 6 chantiers sont en cours. Nous avons également des clients qui ont des projets sur des stations limitrophes comme Stella Plage ou Hardelot. Nous travaillons également sur Reims, Amiens, Cambrai, dans les Ardennes ou encore en Corse.

Comment abordez-vous la relation avec les propriétaires ?
Mon défi est de réussir à expliquer mes choix avec diplomatie et arguments à la clé. Parfois, les clients ont des inspirations ou viennent avec des exemples irréalisables sur leur projet. Notre métier consiste justement à présenter les aspects techniques couplés aux choix esthétiques. Nous devons donc parfois les convaincre. Cela est gratifiant lorsque tous les acteurs, artisans compris, sont fiers du projet réalisé.

Texte : Nadia Daki
Photos : Laurent Desbois – Lwood
20 mai 2021
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