Vos premiers souvenirs avec le Louvre-Lens ?
J’avais accompagné le projet lorsque j’étais à la direction du Centre de recherche et de restauration des musées de France où l’une de mes missions était de sécuriser les collections du Louvre. J’ai été épatée par la qualité du projet. J’étais présente lors de l’inauguration où j’ai ressenti une forte émotion avec la présence des anciens mineurs. Je suis arrivée à la direction en septembre 2016. A l’époque, j’étais à Nice et le directeur du Louvre m’a appelée pour me demander si j’étais candidate. Je lui ai dit que j’allais réfléchir. Et dix minutes après avoir raccroché, je l’ai rappelé pour lui annoncer que j’étais bien évidemment partante.
Connaissiez-vous la région ?
J’ai toujours rêvé d’y travailler ! J’avais postulé au FRAC à la fin des années 90. Le bassin minier entre en écho avec une partie de mon histoire personnelle puisque ma maman vient du nord de la Lorraine, un bassin minier de fer.
A votre arrivée, où en était le musée ?
Quand je suis arrivée, il avait besoin d’un second souffle. Le lancement a été magnétique avec un public très présent. Nous étions à un moment pivot où la fréquentation commençait à baisser et où le Louvre-Lens devait trouver sa propre personnalité. Il fallait à la fois confirmer l’essai et approfondir l’ancrage territorial. Nous avons depuis développé davantage notre service de médiation et intégré dans notre programmation le territoire, ses habitants, son histoire, son image, son esprit.
Quelle est votre plus grande fierté par rapport au Louvre-Lens ?
Le fait d’avoir réussi à accueillir de plus en plus les habitants, même ceux qui ne viennent pas au musée. Pour ce faire, nous avons mis en place des groupes-test par rapport à nos activités et un observatoire des publics. Nous sommes reconnus à l’international car nous considérons les habitants comme un véritable partenaire et pas seulement comme des visiteurs potentiels. Le Louvre-Lens est un musée qui donne sa place à chacun et qui s’inscrit dans une dynamique collective de partage.
Comment imaginez-vous le musée dans dix ans ?
Je nourris l’ambition d’aller encore plus loin, que le musée soit toujours en prise avec le monde et ses grands défis. Je veux que les artistes soient encore plus présents. J’imagine un musée dans un territoire qui va aller mieux, dans un territoire touristique riche en offres culturelles et artistiques. J’imagine un musée qui aura la capacité de se réinventer en permanence et qui continuera de créer différentes formes de dialogue.
Quels ont été vos talents à vous durant cette période ?
Ce sont les gens qui ont le courage de rêver ce musée à visage découvert. Les femmes et hommes politiques de la région qui continuent de soutenir le projet au-delà de leurs divergences politiques. Les artisans, les anonymes, les ouvriers qui façonnent les œuvres que le Louvre nous prête et qui nous permettent de voyager dans 5000 ans de l’histoire de l’homme. Je pense également à Bernard Ramon, ambassadeur du bassin minier qui venait tous les jours au parc du musée promener son chien et qui parlait aux touristes. Jean Latosi, ancien mineur qui a réalisé la maquette de la fosse 9 dans le hall. Les artistes contemporains qui nous ont accompagnés ou qui vont nous accompagner : Françoise Pétrovitch, Hicham Berrada, Enrique Ramirez, Laurent Grasso, Laurent Pernot. Ce sont aussi les habitants et les équipes dont la qualité d’engagement nous permet d’être là où on est aujourd’hui.