« Ceci n’est pas le musée ! This is not the museum ! » avertit un panneau à l’entrée. Confondre le musée et le cluster, non. Les associer, oui. La naissance du Louvre Lens Vallée en 2013, à l’initiative de la Communauté d’Agglomération Lens-Liévin, découle directement de l’arrivée du musée à Lens. Ensemble, les deux sites « font de la culture et de l’innovation les moteurs de la mutation du territoire, confirme la directrice Margherita Balzerani. Plus il y aura d’entreprises innovantes dans le milieu de la culture et du numérique, plus le territoire sera reconnu comme levier de développement économique. LLV est labellisé Communauté French Tech. »
Tiers-lieu sans demi-mesure
Depuis 2019, Louvre Lens Vallée est installé dans l’ancienne école primaire Paul-Bert. 2500 m² ont été transformés pour créer un espace aux multiples pôles, à la fois site de coworking, pépinière d’entreprises, école des métiers du web et de la communication (Pop School), centre de formation au Certificat Technique des Métiers d’Art et Métiers Rares (unique en France) et enfin incubateur et accélérateur de projets entrepreneuriaux. Sans oublier le Muséolab, l’atelier laboratoire où prennent forme toutes sortes de prototypes nés de l’imagination d’audacieux Géo Trouvetou. Sous l’ancien préau devenu un grand atrium design, tout ce petit monde gravite avec enthousiasme, comme des électrons autour d’un noyau dur en fusion.
Incuber et accélérer
Chaque année, quinze porteurs de projets sélectionnés sur dossier retournent sur les bancs de l’école. Ils ont trouvé un bon filon, le Louvre Lens Vallée va les aider à en exploiter tout le potentiel. Incubés durant six mois ou simplement accélérés, ils vont suivre un programme digne d’un athlète de haut niveau avec coaching individuel, ateliers collectifs, participation à des événements, accès à des terrains d’expérimentation. Recycler des chambres à air pour en faire des accessoires de mode, redéfinir le futur de la chaussure ou de la librairie, inventer des lunettes panoramiques de réalité immersive : 87 % des entreprises passées par ici depuis 2013 sont pérennes. C’est bien connu : quand on a gravi un terril, on peut déplacer des montagnes.
Mines d’entrepreneurs
REDISON FAIT DU BRUIT
C’est un peu la « licorne » de LLV. Après une décennie passée dans le webmarketing, Jérôme Dron invente Redison en 2017. Redison, c’est un système connecté qui permet de démocratiser la pratique de la batterie. « Des capteurs (Senstroke) permettent de jouer de la batterie n’importe où sans déranger personne, explique-t-il, démo à l’appui. Nous avons aussi développé une appli, WeGroove, pour apprendre à jouer sur une sélection de plus de 150 chansons. » Avec 100.000 € de précommande, « très rapidement, il a fallu se professionnaliser. » Originaire de Douai, Jérôme s’oriente vers LLV dès 2018 pour bénéficier de son expertise, de prêts inhérents au territoire et surtout de la visibilité du cluster lensois qui « sort du lot. ». Toujours locataire d’un bureau à LLV, il a embauché trois personnes et atteint 360 000 € de CA en 2020.
https://fr.redison.com/
STREAMRUNNERS REND TWITCH MEILLEUR
Kevin Comte et Nicky Rebergue ont moins d’un demi-siècle à eux deux mais ils l’assurent : même si l’âge des utilisateurs de Twitch oscille entre 16 et 30 ans, « tout le monde peut s’y mettre, la preuve avec le journaliste Samuel Etienne ! » Ensemble, ils ont créé Streamrunners. « Une solution qui aide des créateurs de contenu vidéo sur Twitch (les streamers) à augmenter leur visibilité grâce à une audience récompensée par des cadeaux. » Objectif : contrebalancer l’algorithme de Twitch et mettre en avant des streamers anonymes grâce à̀ Streamrunners, plateforme qui est passée de 300 utilisateurs à plus de 19 000. Incubé en janvier 2021, Streamrunners entend « décrocher des financements pour se développer à l’international, embaucher, convaincre des business angels ». LLV leur donne des ailes.
https://streamrunners.fr
WILDYL EXPLORE DE NOUVEAUX HORIZONS
Thomas Lefebvre est originaire de Corse, David Héry d’Alsace. Incubés à LLV d’octobre 2021 à mai 2022, ils développent Wildyl, « une plateforme qui propose une expérience inédite dans la recherche et l’organisation de séjours touristiques et de loisirs, expliquent-ils. Véritable facilitateur digital, Wildyl compte aussi « offrir un ensemble d’outils pour découvrir le potentiel d’un territoire de manière hyper-personnalisée. » Il y a peu, Thomas était encore professeur d’histoire tandis que David travaillait pour Amazon. Le choix de LLV était une évidence : « nous aurions pu être incubés à Euratechnologies (Lille) ou à Paris mais nous voulions mettre en avant les gens d’ici. » Wildyl commencera d’ailleurs par mettre en valeur le territoire de Lens-Liévin. Un bon deal.
www.wildyl.com