L’heure de se mettre au Ly

« J’ai toujours aimé me promener dans la nature. Etudiante à l’Ecole normale, j’avais réalisé une monographie sur les plantes de la région picarde ». Dans son immense labyrinthe de jardin, Louisette se confond avec le bonheur. Le bonheur simple de la beauté, de la sérénité, de la douceur des fleurs, des plantes, d’un potager « sans entretien ». Une visite simple, reposante pour le corps et pour l’esprit.
Par Stanislas Madej
007_1044_Reportage-Le-Jardin-de-Ly-©Teddy-Henin-min-1

Le mari de Louisette Piteaux était un passionné des arbres en général et des conifères en particulier. Il les a collectionnés, au point d’en recenser cinq cents différents dans le jardin de sa maison. Après son décès, Louisette a continué à entretenir seule cet immense parc créé en duo de leurs mains.

« Dès que j’ai un moment, je suis dans le jardin. Je suis bien dans mon jardin ! Heureusement que je l’ai ! », raconte cette dame attachante, délicate, qui affiche une connaissance démesurée des plantes ! Et comme on la comprend ! Quand on entre chez elle, on est rapidement pris d’une sensation de bien-être. Comme si on pénétrait dans une nouvelle dimension. Celle, trop facilement oubliée dans le train-train du métro-boulot-dodo qui s’appelle simplement l’harmonie de la nature.

Est-il particulier, spécial, ce jardin ? Probablement. Certainement. Oui il est beau. D’autres le sont tout autant. Mais il a quelque chose en plus… Est-ce lié à la manière dont Louisette et Jean entretiennent, arrangent les espaces ? « Ce jardin a un équilibre incroyable, explique Jean. Il mêle habilement tous les éléments : air, terre et eau. Les gens qui s’y promènent trouvent forcément, toujours, un espace, des espaces où ils se sentent bien. Vous voyez ? Vous n’avez plus envie de bouger, vous êtes bien ici ! »

Le conseil de Louisette : mettre du mulch de chanvre dans son potager, si l’ont fait pousser des plantes qui restent en place. Cela évite la repousse d’herbe et nourrit la terre en se décomposant.

Retour vers l’ordre naturel : équilibre et apaisement

Étonnante, l’emprise que ce lieu a sur nos émotions. C’est un moment de sérénité. De tranquillité aussi, bien entendu. Ici, l’homme se tait et laisse parler la nature. Et probablement aussi sa nature : « ici, la vue, l’odorat, l’ouïe, le goût et même le toucher sont inconsciemment sollicités » ajoute Jean, « on retrouve l’équilibre ! ».

Le jardin japonais est sans doute l’endroit qui invite le plus au voyage. Rien d’étonnant à cela. Avec son pont rouge vermillon, on est immédiatement dans l’ambiance. Il est construit autour d’une rivière sèche, qui représente de ce qu’est la vie dans la philosophie japonaise : « les gros galets sont, par exemple, les problèmes que l’on rencontre dans la vie. Mais il y a toujours un moyen de s’y confronter et de finalement continuer le cours de son existence… ».

Jean aide régulièrement Louisette à entretenir le jardin. Un peu plus cette année en raison de la situation sanitaire. Parce que, habituellement : « des élèves d’Ysengremer des sections espaces verts viennent m’aider à entretenir le jardin » raconte la propriétaire des lieux.

Ils aident notamment à la taille des plantes, car l’esprit qui anime Louisette et Jean est de minimiser au maximum toutes les autres problématiques. Pour Jean, l’accomplissement ultime du jardinier est de n’avoir à gérer justement que la taille, plus les mauvaises herbes et tout ce qui prend du temps inutilement : « je cherche à réduire l’enherbement. Je choisis des plantes couvre-sol comme le phylla, la luzerne lupuline qu’on appelle aussi la minette, ou simplement la pâquerette pour les parterres ».

Les hasards de la nature selon Louisette

Juste derrière le jardin japonais, vous déambulerez au milieu d’un dédale de bonsaïs. Combien y en-t-il  ? Un millier probablement. Une forêt, en tout cas. Parmi eux un chêne, des conifères évidemment, et ce syzygium… « On a acheté une souche pour faire le décor d’une plantation. On l’a remise en terre, elle est repartie ! C’était il y a vingt ans. Il n’y avait pas de feuille. C’est le hasard ! Aujourd’hui, c’est certainement le bonsaï du jardin qui a le plus de valeur » raconte Louisette.

« Ici, les cinq sens sont inconsciemment sollicités »

Un hasard qu’elle aime provoquer, comme avec cette mélitte ou mélisse sauvage, qu’elle a trouvé au bord de la route, dans un fossé. Elle s’est arrêtée, en voiture, pour aller le ramasser, aujourd’hui il orne le lieu de sa beauté poétique.

Chaque pas, chaque avancée vous amène d’une coupe par transparence à une coupe en nuage, d’un séquoiadendron pendulant à une forêt de bambou, d’un smyrnium perfoliatum à un ginkgo biloba, l’arbre qui survécut à Hiroshima, en passant auprès du désespoir des singes, l’araucaria… Chaque plante a son histoire, chaque détour son anecdote… En réalité, quand vous entrez dans les Jardins de Ly, ce ne sont pas des plantes que vous découvrez, mais une personne passionnée, qui vous entraîne dans les travées et les méandres de verdure, et finira par vous présenter, parmi d’autres volailles, Jules et Julie, son couple de cygnes noirs, ultime découverte d’un lieu hors du temps.

La plante favorite de Louisette : « je n’en ai pas ! Je les aime toutes !

Informations pratiques

Les Jardins de Ly
346 route du Tréport à Sénarpont
Tél : 03 22 25 92 04
www.lesjardinsdely.com

Texte : Stanislas Madej
Photos : Teddy Henin
02 juillet 2021
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