Après un premier album en anglais, les deux singles issus du second sont en français. Pourquoi ce changement ?
L’écriture en français offre davantage de subtilités, de nuances dans l’expression. Il fallait juste que je dépasse la pudeur que soulève le fait d’écrire en français. J’aime aussi que les gens puissent comprendre le sens des textes de façon plus immédiate. Par contre, c’est vrai que musicalement, le français est plus difficile à faire sonner. Ça rocke moins. Même ma voix me semble différente quand je chante en anglais, je la trouve plus puissante. Dans ce nouvel album, il y a à la fois des textes en français et en anglais. Et même en bahasa !
Une chanson en langue indonésienne ? Je suppose qu’il y a une histoire derrière ?
Oui, c’est même l’histoire de tout l’album. Après la sortie du premier, j’ai tourné pendant deux ans, et j’ai eu besoin d’une pause. Je suis partie en mode sac à dos pour un voyage autour du monde, notamment en Indonésie. J’ai été profondément touchée par la culture indonésienne, l’architecture, la danse, le travail du bois, la beauté est partout. Avec une dimension très spirituelle dans la musique. J’y ai fait la connaissance d’un guitariste de talent, Ipin Nur Setiyo. Une rencontre forte et une vraie connexion artistique. A la fin de mon voyage, je lui ai proposé une collaboration.
Le premier single En haut des cimes mêle effectivement mélodie pop et percussions tribales. Comment s’est passé le processus créatif pour cet album ?
Très différemment du premier, où j’avais tout composé et écrit. Je suis restée sur place un mois et demi seulement car mon visa expirait. En plus de cette contrainte temporelle, il y avait aussi la barrière de la langue. Cela m’a demandé un vrai lâcher prise, les morceaux se sont tous construits autour d’improvisations. Les musiciens me disaient toujours « Santaï Lena, santaï », ce que l’on pourrait traduire par « Relax ».
Et c’est devenu le nom de l’album : Santaï. Après l’univers intimiste et personnel de l’album Mirror for Heroes, votre dernier single, Gueule de loup, donne le ton de textes beaucoup plus engagés. Un coup de gueule féministe ?
Oui clairement, et c’est une position que j’assume complètement. Se faire une place dans la musique, c’est difficile. Mais quand on est une femme, ça l’est encore plus. C’est un milieu d’hommes. Alors autant que possible, je fais le choix de m’entourer de femmes, sur scène, pour la réalisation de mes clips. D’ailleurs, c’est une femme qui a été le tremplin sur mon chemin, Brisa Roché, une artiste américaine que j’ai accompagnée sur scène comme claviériste dans sa tournée. Grâce à elle, j’ai croisé la route de Henry Hirsch, le producteur de mon 1er album. « Rock and Rock is not perfect », disait-elle. Elle a été un modèle pour appréhender la scène comme un espace de liberté.
La scène vous démangeait j’imagine après ces deux dernières années ?
Oui. On a repris les concerts depuis quelques mois avec plusieurs dates cet été, au Main Square Festival notamment mais aussi à Amiens en septembre dernier. J’espère pouvoir organiser une tournée avec Ipin pour la sortie de l’album début 2023. Pour la suite, j’ai aussi d’autres envies… Je suis très attirée par la réalisation, peut-être pour un prochain clip. J’ai eu également l’occasion de monter un spectacle musical pour les enfants ou encore de réaliser des ateliers d’écriture pour des personnes âgées ou dans des prisons. J’aimerais aussi développer mon label, Harmonie Records, et produire d’autres artistes. Et récemment je me suis formée aux massages sonores aux bols tibétains. Je crois beaucoup au pouvoir thérapeutique du son, de la vibration… Bref, j’ai beaucoup d’idées, d’envies, mais pas toujours assez de temps !
Santaï, vous diraient peut-être vos amis indonésiens ?
Oui, vous avez raison : Santaï !