L’écolieu, un mode d’habitat riche en sens

On n’habite pas un écolieu par hasard. Les projets font l’objet d’une réflexion profonde et d’une quête de sens. Car dans un écolieu, l’habitat s’inscrit plus naturellement dans son environnement, crée du lien et surtout se vit à plusieurs.
Par Nadia Daki
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Pierre de Galzain, cofondateur et habitant du Moulin de Brisé, a jeté son dévolu sur le village de Monthiers, près de Château-Thierry pour y développer son projet d’écolieu. C’était il y a vingt-cinq ans. « J’habitais à 5 kilomètres d’ici, se souvient Pierre de Galzain. J’ai vu une petite annonce avec ce moulin à vendre. Il ne coûtait pas très cher car il nécessitait d’importants travaux mais le potentiel était fantastique. »

Être en symbiose avec le lieu

Car Pierre de Galzain et les trois autres cofondateurs savent exactement ce qu’ils recherchent : un lieu qui va permettre de développer leur projet à la fois écologique, culturel, politique et solidaire. « Le lieu a énormément de charme. Il est en fond de vallée, il n’y a pas de circulation et une source d’eau le traverse », indique Pierre de Galzain. A la fois lieu de vie, lieu de travail et lieu d’accueil, le Moulin de Brisé conjugue fonctionnalité et confort. Même si ce dernier peut paraître un peu spartiate aux yeux de certains. « Revenir à la bougie, ça ne me pose aucun problème. Je me suis coupé de tous les réseaux. Quand je fais brouter mon cheval, je suis libre. » Ici, la maison fait partie intégrante de son environnement et porte des valeurs. « L’idée est à la fois la transmission de savoirs sur le plan architectural et artistique.

On avait aussi ce désir de quitter le système capitalistique pour que tout le monde puisse nourrir le lieu tout en s’y sentant chez eux », indique Pierre de Galzain. des murs pouvant aller jusqu’à 50 cm d’épaisseur. En réalité, on utilise des techniques ancestrales puisqu’on est dans le même cas de figure que les châteaux ou les églises mais avec des matériaux plus récents et plus performants. »

C’est pourquoi la structure juridique choisie pour gérer sur le plan administratif et juridique le lieu est une SCI (société civile immobilière). Si un des cofondateurs souhaite quitter le lieu, il peut revendre ses parts indexés sur l’inflation mais ne récupère pas de plus-value. Celle-ci reste dans la SCI pour permettre l’entretien des lieux et la poursuite des projets.

Sur un terrain de 1,2 hectare, le Moulin de Brisé se décline en trois bâtiments : un dédié aux projets associatifs. Cet ancien poulailler est aujourd’hui un dortoir et un lieu de rencontre collectif. L’ancienne remise a été convertie en logement, occupé aujourd’hui par une famille. Et enfin, la longère comporte l’habitation de Pierre de Galzain, un autre logement en cours de réhabilitation et un atelier théâtre. Pour répondre aux exigences écologiques établis par les cofondateurs, cheville ouvrière du lieu, le Moulin a été rénové à partir de matériaux écologiques : enduits et cloisons provenant de la terre du site. Le bardage extérieur est en bois et l’intérieur est un enduit de chaux et lin. C’est encore un chantier par ilot. À terme, on pourra même produire de l’électricité à partir de la roue hydraulique pour des besoins limités.  Et, peut-être même se passer des réseaux en collectant notre eau  directement à la source», se projette Pierre de Galzain.

Tout-en-un

Créer et habiter un écolieu relève donc bien de convictions. Envisager le lieu comme noyau central à la convergence de projets et de valeurs répondant à divers idéaux est primordial. Le Moulin de Brisé concocte une programmation d’ateliers et de colloques basés sur la transmission des techniques éprouvées. Dans le Pas-de-Calais, Ecoland trouve le même écho. Porté par Thomas Brembor, il se décline sur un terrain de 1,2 hectare en un bâtiment principal de 100 m², d’une micro ferme et de 6 gîtes. « Il s’agit d’un site accès sur les modes de vie alternative. Le but est de s’émanciper au maximum des énergies fossiles, le tout de manière fun et ludique », précise Thomas Brembor. Une nouvelle vie pour cet ancien camping qui devrait, à terme, héberger de façon permanente des familles. À travers ce mode de vie, Thomas Brembor prône un retour à la nature préservée pour une « vie plus qualitative et surtout pour avoir le temps de la vivre ».

Base arrière, retour aux sources

C’est un mode de vie qu’il connaît bien et qu’il a pu expérimenter auparavant. En effet, de 2018 à 2021, il entreprend un voyage familial en roulotte jusqu’en Bulgarie. « Je suis très nomade, mon centre se déplace avec moi », confie-t-il. Après chaque voyage, il revient régulièrement sur son pied-à-terre axonais. « Le Moulin est comme un conte. Il permet de voyager. » Véritable lieu d’expérimentation, le lieu accueille régulièrement des woofers. Une centaine se sont relayés pendant ces neuf dernières années. Des chantiers colossaux, avec trente-cinq personnes pendant quinze jours, ont permis la réhabilitation du site. « Ce lieu doit pouvoir exister sans nous. C’est pourquoi ma femme et moi allons nous mettre progressivement en retrait. J’ai l’impression de travailler pour les générations futures et de remettre les choses un peu à l’endroit. Sans me sacrifier pour autant et sans vivre dans le passé », partage-t-il.

Texte : Nadia Daki
Photos : Moulin de Brisé ; Ecoland
01 février 2023
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