Ce mardi, jour de fermeture de musée, c’est l’effervescence au sein de l’équipe de médiation. La trentaine de personnes est personnellement investie pour proposer des animations autour des expos. Au sein du musée mais aussi en dehors. C’est ainsi qu’est née pour l’exposition Rome, la cité et l’empire la salle immersive qui permet une véritable plongée dans la culture romaine. Des vêtements et costumes de l’époque y sont entreposés. Le public peut les revêtir pour ensuite suivre la visite dans une ambiance très solennelle. Des objets présents dans l’exposition sont reproduits et peuvent, une fois n’est pas coutume, être touchés, voire pris en main.
L’équipe de médiation ne conçoit pas seulement des dispositifs d’accompagnent : elle crée aussi la plupart des outils. Ainsi, des planches de Kamishibai (sorte de mini-théâtre dessiné) ont été façonnées pour servir de support à une narration. Pour l’exposition Soleils noirs, un outil de médiation sensorielle avait ainsi vu le jour. Des objets reconstitués en 3D étaient associés à des odeurs.
Entre théâtre et poésie
Pour certaines animations, les médiateurs doivent même faire preuve d’improvisation. « Nous avons mis en place un nouveau type de visite intitulé l’ ‘Art en gestes’. Nous avons appris des signes de la langue que nous réalisons devant les tableaux. C’est une façon de s’ouvrir à d’autres cultures », explique Nathalie Duparque, médiatrice. Mais le jeu de comédie est encore plus poussé avec la brigade des Interrupteurs qui intervient de façon poétique « avec un côté ludique basé sur l’écoute et l’adaptation. » Cette performance se décline en chants, danses, mimes et arts du cirque. Ce format court sur le propos général d’une exposition ou d’une œuvre se réalise aussi bien au sein du musée qu’en extérieur.
Ainsi, les médiateurs se sont déjà retrouvés à chanter dans un bus ou à lire des poésies dans une université. Animation originale dont le slogan – « Nous allons interrompre votre programme » – se veut évocateur. Ces interventions sur-mesure sont gratuites. « Comme il s’agit d’un format particulier, il nécessite une certaine adhésion. C’est pourquoi le recrutement se fait sur la base du volontariat des membres de l’équipe », précise Nathalie Duparque.
Les réserves, un lieu généralement tenu à l’abri des regards
Pour tenter de percer les mystères de la partie encore plus immergée de l’iceberg, il faut descendre dans un lieu inaccessible au public : les réserves. En quelque sorte, le cœur même du musée. Le Louvre-Lens en compte trois : celle dite « de transit » qui sert au montage et au démontage des expositions ; celle plus pérenne située sous la Galerie du temps ; et celle visible et visitable : la galerie Vasari. Cette dernière, plus esthétique qu’une réserve classique, est scénographiée. « L’idée est de montrer une variété de typologies d’œuvres en ayant un propos scientifique cohérent », explique Marion Guillermin, régisseur des œuvres. Sur 800 m² et 5 mètres de hauteur sous plafond, 5 000 œuvres y sont entreposées dont les fameux Grognards de la façade du Louvre, faisant actuellement l’objet d’une campagne de restauration.
Pour accéder à cette réserve, il faut être accompagné d’un médiateur. Les autres espaces, interdits au public, sont ultra sécurisés puisque que c’est par là que les œuvres transitent. Ils fonctionnent en autarcie pour des questions de sécurité et de confidentialité. La mission de Marion Guillermin est d’assurer les meilleures conditions pour la conservation et le mouvement des œuvres. Le point d’orgue reste le montage d’une exposition. « C’est juste génial de vivre l’avant et l’après. Voir une exposition se monter et chaque œuvre y trouver sa place, c’est à la fois gratifiant et spectaculaire », partage-t-elle.
INTIME ET MOI : L’EXPOSITION PARTICIPATIVE POUR LES 10 ANS DU MUSÉE
Pour fêter ses 10 ans, le musée programme une exposition originale, à la fois par son thème et par sa conception. Consacrée à l’intime, elle a été imaginée et conçue en partenariat avec une dizaine de jeunes en service civique, accompagnés par l’association l’Envol à Arras. « On a commencé en octobre, à raison d’une réunion par semaine. L’idée étant de les inclure dans toutes les étapes de conception de l’exposition et de leur permettre de découvrir les différents métiers au sein d’un musée », introduit Ludovic Demathieu, chef de projet médiation. En d’autres termes, ils ont réalisé un véritable travail de commissaire d’exposition. « Ils ont choisi une trentaine d’œuvres appartenant au Louvre mais aussi à d’autres musées de la région. On leur a proposé un cadre, le thème de l’exposition, et dans ce cadre ils avaient la liberté d’imaginer et de proposer », renseigne Loraine Vilain, chargée de projet médiation. Cette démarche expérimentale s’inscrit dans l’ADN même du musée qui est de s’ouvrir au public et de l’inclure comme partenaire. b