La Route du Poisson 2022 : la chevauchée fantastique

Son retour était attendu depuis 10 ans. La Route du Poisson a fait vivre de grandes émotions aux amoureux du cheval et du patrimoine maritime en septembre dernier. Au-delà de la course - la plus grande d’Europe pour les chevaux de trait - c’est une aventure humaine qu’iCéÔ Magazine vous propose de revivre en images.
Par Claire Decrane
Epreuve du flobart sur la plage

Course folle pour poisson frais  

Les sabots résonnent sur les pavés des petits chemins de campagne et les roues du ballon de marée tournent à plein régime. Depuis deux heures, partis du port de Boulogne-sur-Mer, cinq robustes chevaux de trait boulonnais galopent à vive allure pour atteindre le prochain relais de poste où un autre attelage prendra la suite. Le passage à témoin continuera ainsi jusqu’à Paris, en 24 heures à peine. Durant six siècles, les chasse-marées ont parcouru 70 lieux – soit 340 km – séparant Boulogne-sur-Mer de la capitale pour amener du poisson frais à ceux qui, même loin des côtes, avaient les moyens d’en consommer. En 1848, la création de la ligne de chemin de fer Boulogne-sur-Mer-Paris met un terme à cette épopée équine. Elle est déjà entrée dans l’histoire à la faveur d’un événement resté tristement célèbre : le suicide du cuisinier de Louis XIV, François Vatel, causé par le retard d’une livraison attendue pour une réception au château de Chantilly.  

De l’histoire au folklore sportif  

De 1991 à 2012, la Route du Poisson renaît sur l’initiative de Bruno Pourchet, alors directeur du Haras National de Compiègne. Des races de chevaux de trait françaises et européennes sont invitées à concourir sur ce trajet historique, qui devient la plus grande course de relais d’attelages de chevaux de trait en Europe. A l’arrivée, pas d’argent en jeu, mais la fierté de perpétuer une grande tradition et de valoriser des races équines en perte de vitesse. Arrêtée en 2012, la course est découverte en 2019 par un amoureux du cheval Thibaut Mathieu, juriste Versaillais qui se lance dans le pari un peu fou de la remettre en selle. Le cavalier seul, rapidement suivi par une armada d’enthousiastes, revient sur une édition de tous les records.  

3 questions à Thibaut Mathieu, Président de l’Association de la Route du Poisson 

La course du poisson : c’est une renaissance ou une résurrection ? 

C’est une vraie résurrection ! J’ai passé des centaines d’heures pendant quatre mois en 2019 pour comprendre l’histoire de la Route du Poisson et les raisons de son arrêt. Cela m’a littéralement obsédé ! Avec quelques convaincus, nous avons travaillé pendant deux ans à relancer la “mère des routes”, celle que l’on compare au Championnat du monde du cheval de Trait. Pour rassembler 300 chevaux de compétition, avec 12 équipes de 70 personnes chacune venues de partout en France et 6 000 bénévoles, oui il faut être un peu fou. Mais j’ai promis de consacrer 20 ans de ma vie à cette route pour en faire un événement aussi populaire dans la région que le Paris-Roubaix.  

Quelles ont été vos plus grandes émotions ? 

D’abord le baptême de notre flobart sur le parvis de la basilique de Boulogne-sur-Mer. Il a été réalisé par Thomas Liénard, un jeune charpentier de marine d’Audresselles. Il n’y avait pas eu de baptême de bateau à Boulogne-sur-Mer depuis 25 ans et c’était un moment très fort. Ensuite la vision des gens au bord des routes, en pleine nuit, avec des enfants en pyjama réveillés pour applaudir les équipes. Et bien sûr, l’arrivée à Paris que j’ai eu la chance de vivre en direct sur l’attelage de l’équipe Les Traits de Normandie. Fendre une foule de 350 000 spectateurs venus sur des Champs-Elysées rendus aux piétons et à nos attelages (NDLR dans le cadre de l’événement “Paris Respire”), c’est gravé dans ma mémoire.  

Rien de passéiste dans tout cela ? 

Au contraire. La Route du Poisson montre que des solutions existent face aux enjeux climatiques actuels, grâce aux transports doux et à l’utilisation du cheval de trait dans les villes et les campagnes, que ce soit pour du ramassage de déchets verts, du ramassage scolaire, du maraîchage, des services d’ordre, etc. Je ne dis pas que le cheval de trait va régler tous nos problèmes, mais il a une place dans notre société. Un cheval de trait peut tracter jusqu’à trois fois et demi son poids : c’est une force colossale et sans aucune émission de CO2 ! D’ici la prochaine édition j’invite vos lecteurs à franchir les portes d’une écurie, à découvrir la Maison du cheval boulonnais à Samer et à s’intéresser à la richesse du patrimoine maritime qui les entoure. Rendez-vous en 2024.  

PARTIE 1 : LES EPREUVES SPORTIVES

Des épreuves spéciales sont toujours organisées avant le départ de la course. Elles comptent dans le classement des équipes et mettent en avant la polyvalence, la robustesse et l’utilité des chevaux de trait. 
 
PARTIE 2 : L’EPREUVE DU ROUTIER

C’est parti pour la course ! Les équipes s’élancent de Boulogne-sur-Mer pour 300 km et 21 étapes dans les villes relais.  Il faudra traverser 2 régions, 3 départements et 100 villes et villages avant d’arriver à Paris.  
Texte : Claire Decrane
Photos : Olivier Leclercq & Cyrille Struy
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