La fresque de Sacco :
une fenêtre originale sur l’histoire

Un dessin vaut parfois mieux que mille mots. Une fresque raconte à elle seule la brutalité, l’horreur de la guerre. Cette histoire, c’est celle du 1er juillet 1916, du premier jour de la Bataille de la Somme, illustrée par l’incroyable panorama dessiné de Joe Sacco, élément central du musée de Thiepval, au cœur de la Somme.
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Panorama illustré de la bataille

A l’aube du Centenaire de la Grande Guerre, l’Historial s’engage dans un vaste plan de rénovation de ses établissements à Péronne et Thiepval. L’idée de créer un nouveau musée consacré à la Bataille de la Somme, adossé au Centre d’accueil près du Mémorial de Thiepval, s’affirme.

La publication en avril 2014, de l’ouvrage de Joe Sacco (auteur reconnu de BD-reportages) suivant le format « leporello » (livre-accordéon) de 24 pages (*) qui déploie un dessin panoramique de sept mètres, est une révélation. 

Passionné par les conflits, leur genèse, leur ampleur, leur folie, Joe Sacco a été marqué, dans son enfance en Australie, par l’impact mémoriel de l’ANZAC Day (chaque 25 avril le Dawn Service, qui honore les soldats tombés durant la 1ère Guerre mondiale, est suivi par des millions de téléspectateurs). Pour le Centenaire de la Grande Guerre il s’est lancé dans une folle aventure : dessiner une fresque qui raconte les 24 heures du premier jour de la bataille de la Somme (la plus meurtrière du conflit avec 1,2 millions de victimes), marqué par la perte le 1er juillet 1916 de 60.000 soldats britanniques dont 20.000 tués sur le champ de bataille. La ligne claire met en évidence chaque détail minutieusement étudié par son auteur, donnant une exactitude historique à ce récit dessiné.

L’idée de l’intégration de cette fresque au cœur du projet muséographique s’affirme. La rencontre avec Joe Sacco invité aux Rendez-vous de la bande dessinée d’Amiens en juin 2014 résonne comme une évidence providentielle. Hervé François, directeur de l’Historial, lui présente le projet de musée sur le site de la bataille de la Somme et la place que son œuvre pourrait y trouver. Joe Sacco est séduit et adhère à l’idée. « Joe a dit bingo tout de suite : la magie d’une belle rencontre, avec un artiste de qualité, rigoureux, sensible, et humainement une personne exceptionnelle » raconte Hervé François. Joe a été étroitement associé à la conception et à la réalisation du musée de Thiepval. Modeste, il est toujours aussi ému et honoré d’être présenté de manière permanente dans un musée. »

Une œuvre contemporaine pour montrer la guerre

Au cœur du musée de Thiepval, l’œuvre de Joe Sacco est imprimée sur un imposant linéaire rétroéclairé de 60 mètres. Ce vaste panorama immerge le visiteur dans le champ de bataille. Inédit et innovant dans un musée d’histoire, ce récit est une œuvre graphique, documentée et historique, une synthèse dessinée de la journée symbolique du déclenchement de la bataille de la Somme. Echo contemporain à la tapisserie de Bayeux et assimilable à une bande dessinée, elle délivre un récit tant historique que mémoriel. Reliques archéologiques, objets de collection (dont une mitrailleuse Maxim capturée sur le site par un soldat britannique dont le nom figure, parmi 72.244 autres Disparus, sur le Mémorial de Thiepval) et écrans, disposés en centre de salle dans une fosse d’exposition couverte d’un verre, établissent des correspondances entre des scènes reconstituées par Joe Sacco et des images d’archives étayées d’un propos historique. Cette originalité muséale se poursuit au fil du parcours de visite avec les espaces croisant visions allemandes et françaises, celui consacré aux Disparus, et aux figures héroïques des As de l’aviation. 

Depuis juin 2016, le musée de site de Thiepval ouvre une fenêtre originale sur l’histoire. 

Il offre aux amateurs de BD une immersion captivante dans la fresque de Joe Sacco. Les amoureux des arts pourront (grâce au billet couplé) complémenter leur parcours pour admirer les très nombreuses œuvres (Otto Dix, Fernand Léger, Max Pechstein, F. Vallotton, G. Tribout, etc.) exposées au musée de l’Historial à Péronne. (cf IceÔ n°15 février 2023).

(*) : Le Premier Jour de la Bataille de la Somme – Ed. Futuropolis (2014)

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