Biquettes de sens
Les jardiniers ont le même problème avec la Renouée du Japon que Dupont et Dupond avec leur barbe dans Tintin au Pays de l’or noir. Sitôt coupée, sitôt repoussée. Une vraie plaie. A Rieulay, pour éviter que cette vivace n’étouffe l’extraordinaire biodiversité florale du terril des Argales1, les frères Graf y font pâturer une cinquantaine de chèvres aux quenottes affûtées. Aux beaux jours, chaque matin, Julien emmène ses biquettes tailler les broussailles du plus grand terril du bassin minier. Vers 17 heures, le troupeau redescend pour une traite vertueuse. Leur lait sert en effet à produire des fromages, de la faisselle, des crèmes dessert, des yaourts… Soit autant de merveilles 100 % locales et 100 % bio à emporter (il y a une boutique) ou à consommer à même la chèvrerie en compagnie des ballots de foin.
[1] Composée entre autres de Millepertuis perforés, de Spergulaires rouges et de Séneçons du Cap
Depuis 2018, Les Chevrettes du terril proposent en effet de se restaurer sous le hangar. Pour Olivier Graf qui gère cette partie, « le but est de faire le lien entre environnement et consommateur. » Son frangin Julien n’objectera pas. Mu depuis toujours par le bon sens paysan, le pâtre/ingénieur-écologue a conçu ce petit paradis il y a huit ans pour en faire un lieu de partage. Notamment grâce à des visites pédagogiques. Parmi elle, la Rando biquette menée en partenariat avec l’Office du Tourisme de Pecquencourt. L’expérience démarre par une visite de la ferme, se poursuit par une balade sur la montagne de schiste jusqu’à la rencontre inopinée avec le chevrier accompagné de son troupeau. La transhumance retour signant la fin d’une expérience inoubliable. Elle n’est pas bêle la vie ?
LES CHEVRETTES DU TERRIL
rue de l’Espace Terril à Rieulay – https://chevrettesduterril.fr – Tél. : 06 80 60 96 87
Bar-restaurant des Chevrettes, ouvert le mercredi, samedi et dimanche de 11h à 19h. – www.leschevrettes.fr – réservations au 07 66 57 22 13
Boutique ouverte les mêmes jours de 11h à 12h et de 16h à 18h
Émouvoir la galerie
Du vinaigre dans une salière pour arroser une barquette de frites qui, par ses proportions – évoque une berline de mineur. Vous trouvez ça curieux ? Al’Fosse 7, non. Depuis 2008, ce restaurant joue la carte de l’authenticité au point d’en faire chavirer d’émotion les premiers clients « en jouant toujours sur le côté fraternel », insiste Jonathan Fardoux, son jeune gérant. Pour toucher au cœur, il chine et met en scène d’authentiques objets (piolets, lampes, gourdes…) qu’il inscrit dans un décor plus vrai que nature. Mais le concept ne s’arrête pas à la salle des pendus, aux bois d’étayage qui chantent et aux parois noir ébène qui rappellent les veines souterraines. En plus d’en faire un lieu de mémoire, il compte bien en faire un lieu de partage. Et c’est dans l’assiette que ça se passe.
Al’Fosse 7 est d’abord un restaurant où on se régale des traditions culinaires régionales. Un bon potjevleesch, une carbonade, un welsh. Mais le voyage ne s’arrête pas là comme l’indique Jonathan qui « milite pour une approche éco-responsable et ultra-locale. » Les légumes viennent de Sallaumines et de Noyelles-sous-Lens, la bière de la brasserie de Mai à Carvin. Quatre ans après l’ouverture, l’inscription du bassin minier au patrimoine mondial de l’Humanité a « redonné aux gens du coin l’envie de regarder leur histoire avec fierté », poursuit Jonathan. Quant aux enfants des écoles, ils viennent régulièrement chez lui comme on entre dans un livre ouvert. Ils y apprennent un peu de l’histoire de la mine et qu’avant d’être un restaurant, les lieux ont abrité une briqueterie, un hôtel, une salle de bal, une entreprise de déménagement, un débit de boisson et enfin un magasin de fleurs séchées.
AL’FOSSE 7
94, boulevard Henri Martel à Avion. Tél. : 03 21 43 06 98 – www.alfosse7.fr
Ouvert 7j/7 le midi, les vendredis et samedis soirs.