En cet après-midi de mars où le froid est encore vif, le jardin de Clarisse semble pourtant déjà prêt à éclore. Une sensation de douceur est perceptible dès l’entrée. Pat, le berger hollandais, m’accueille avec ferveur de sa truffe joyeuse, et sa maîtresse m’offre un petit pot de confiture maison, promesse d’arbres fruitiers généreux en ces lieux. Intarissable sur ce jardin qu’elle façonne de ses mains depuis quarante ans, la propriétaire me guide au gré des feuillages, écorces et premiers bourgeons que l’on découvre ensemble. « C’est un jardin naturel », me confie-t-elle, « dans lequel j’essaie d’intervenir le moins possible. J’aime laisser vivre la nature, la laisser avancer à son rythme. » Elle est peut-être là la clé de ce sentiment d’authenticité qui se dégage de son jardin de 3800m2. « Un jardin atypique me dit-on souvent. »
Couleurs éternelles
Bien sûr, ce goût pour la cohabitation insolite de variétés végétales n’enlève pas une réflexion dans la conception du jardin, notamment pour qu’il offre au regard des couleurs tout au long de l’année. Pour preuve, en cette saison précoce, mes yeux croisent des perce-neiges au blanc délicat, mais aussi des buis et houx aux verts panachés, des écorces rougeoyantes et les premiers bourgeons roses d’un prunus. Cadeau de l’hiver, de la monnaie du pape attire mon regard par ses reflets argent. « J’aime tout particulièrement les couleurs pastel », me confie Clarisse, guidée par une envie de douceur et de souplesse dans son jardin.
De la terre au ciel
Les amoureux de roses ne seront pas déçus. En saison, ils croiseront près de 180 variétés différentes. « En plus d’être magnifiques, les roses sont très résistantes aux intempéries », observe la propriétaire, qui privilégie ici des roses modernes au port délicat. Et je peux d’ores et déjà observer une particularité : les rosiers grimpent jusqu’en haut des arbres, invitant le visiteur à lever les yeux autant qu’à observer les sols. Glycines, clématites et rosiers lianes qui s’envolent ; lamiers, pulmonaires ou pervenches qui tapissent les couvre-sols. Un peu plus loin, niché entre fruits, roses, buis et vivaces, un bel espace potager s’étend. Nourri d’un précieux compost que Clarisse alimente des nombreux arrachages du jardin.

Vieux sage
Au fond du jardin, un châtaignier voit défiler les saisons depuis 160 ans. « J’aimerais le faire classer », confie Clarisse, « un châtaignier de cet âge est rare en nos régions. » Un vieux sage en somme, qui ombrage les visiteurs et participe aux journées festives de l’été. Celle du 15 août est sans aucun doute la journée à ne pas rater. Clarisse décore tout particulièrement son jardin à cette occasion et invite artisans et producteurs locaux. Et si vous étiez en vacances ce jour-là, rassurez-vous. Pour Clarisse, l’une des plus belles périodes pour visiter le jardin est l’automne. La saison des graminées généreuses, des érables et des malus aux bois jaune orangé.

CONSEIL DU JARDINIER
« Laissons vivre les couvre-sols »
Plus qu’un conseil, Clarisse nous livre une invitation au respect de la terre… et en particulier de la vie des couvre-sols. « Cessons de biner à tour de bras ! » défend-elle.
« Respectons toutes les espèces de plantes au sol car elle participe à l’écosystème, elles ont toutes une utilité, elles abritent des insectes, protègent la terre, la nourrissent… » Un questionnement de fond sur notre vision du jardin qui se doit d’être « propre » et sur la justesse du terme « mauvaise herbe ».
Infos pratiques
Jardin aux quatre vents : 4 route de Berck à Gennes-Ivergny
Ouverture : du 8 mai au 30 septembre, lundi et mardi de 14h à 18h sur rendez-vous et le vendredi, samedi, dimanche et jours fériés de 14h à 19h.
Tarifs : 5€ l’entrée, 4€ groupe (à partir de 10 personnes), gratuit pour les moins de 16 ans.
