


iCéÔ : On vient pour vous et vos premiers mots vont à Jean-Marie. Pourquoi ?
Élodie d’Andréa : Sans lui, les Bobos à la ferme n’auraient pas vu le jour. Mon mari et moi l’avons rencontré pour la première fois au marché d’Hucqueliers. Il s’est avancé vers nous et il a dit simplement : « c’est bien vous qui cherchez quelqu’un pour restaurer votre corps de ferme ? » Depuis ce 1er mai 2017, Jean-Marie est un peu notre ange gardien.
Qui en ce moment soude une arche métallique
E. A. : La structure ornera l’entrée d’un jardin réservé aux aidants. Il y aura des bancs pour lire, des arbres, une mare à contempler. La nature dans ce qu’elle a de plus simple. Cet espace vient compléter le Jardin des 5 sens qui enlace le gîte d’Andréa du prénom de notre fille atteinte d’une maladie orpheline.
C’est un lieu très symbolique
E. A. :Oui car les parterres ont été réalisés par des jeunes en situation de handicap. Cet été, ils ont même coaché d’autres jeunes en plein service civique. Si bien qu’on a inversé les rôles. Vous allez dire que je parle encore des autre mais ce projet n’a été possible que grâce à « Michèle tombée du ciel. » Imaginez, depuis cet automne cette passionnée d’arboriculture pose un jour de congé par mois pour finaliser les espaces extérieurs où les aidants susciteront l’éveil de leurs enfants.
C’est quoi au juste un aidant ?
E. A. : Vaste question. Il existe une infinité de cas de figures, de degrés d’aide si l’on peut dire. Aider un proche à faire ses courses, faire le ménage chez un ami immobilisé temporairement sont deux choses qui n’ont rien à voir avec s’occuper de sa mère atteinte d’Alzheimer ou d’un fils autiste. On ne peut pas faire d’universel avec le handicap. Et puis, on n’est pas tous armés de la même manière face à l’adversité.
Vous dites quand même que tôt ou tard, l’épuisement rattrape l’aidant, quelle que soit sa mission ?
E. A. :Oui mais s’il y a une chose qu’on ne peut pas anticiper, c’est bien la date de l’effondrement. Quand vous êtes parent d’un enfant atteint de sclérose en plaques, votre vie bascule du jour au lendemain sans préavis. Ce fut notre cas avec Andréa. Fini le cinéma, les restos, les sorties entre amis, la vie d’avant. Le couperet tombe d’un coup. C’est pour ça que je ne supporte pas qu’on dise que je suis courageuse car c’est un non-choix. J’ai arrêté mon travail et j’ai demandé à mon mari de faire pareil. C’était vital.
Puis vient l’impossible question de la prise en charge
E. A. :La réalité c’est que pour beaucoup de parents, en plus d’ignorer comment la maladie de leur enfant va évoluer, aucun établissement n’est en mesure de l’accueillir. C’était notre cas quand nous habitions à Paris. On se sent coupable, on pleure, on se noie.
Vient alors le temps de l’introspection. Vous vous dites quoi ?
E. A. : Je me demande jusqu’où je peux, dois et veux aller. Ce sont des questions perturbantes mais essentielles. En France, on dénombre 11 millions d’aidants. Sur ce chiffre, 60 % ne se considèrent pas comme tels. Il y a un réel déni. Et un risque d’atteindre un point de rupture moral et physique.
D’où les Bobos à la ferme. Qu’y fait-on ?
E. A. : Rien, tout, un entre deux. Je m’explique. Les Bobos sont une fenêtre de respiration que les hôtes ouvrent plus ou moins grand. Les aidants passent entre deux et sept nuits. On propose la location de matériel médical, la continuité des soins. On a même une Bobomobile. Certains prennent la tangente en couple, d’autres en profitent pour renouer les liens de la fratrie.
Qui sont vos relayeuses ?
E. A. : Des professionnelles de l’accompagnement. Des monitrices-éducatrices, des aides médico-psychologiques opérationnelles jour et nuit. C’est un vrai luxe pour les aidants. Il choisit le volume horaire souhaité mais aussi le profil de la relayeuse.
Vous portez aussi le pôle parents-aidants. C’est quoi ?
E. A. : C’est un nouveau lieu pour soutenir les parents du Montreuillois qui aident leurs enfants malades ou en situation de handicap. Il est situé à une minute à pied de nos gîtes. On l’a souhaité comme un lieu d’échange pour s’entraider les uns les autres. Le samedi, les Rendez-vous des parents extraordinaires proposent des ateliers de sophrologie, de musicothérapie ou encore d’art thérapie.
Ils font un peu écho à la salle multisensorielle?
E. A. :Sauf que la salle Snoezelen est d’abord dédiée aux personnes en situation de handicap. Elles s’allongent sur un matelas à eau chauffant tout en contemplant un ciel étoilé. C’est un lieu apaisant avec de douces projections sur les murs, des tresses en fibre optique, une colonne à bulles.
Vous l’avez appelé salle Bernadette. C’est qui ?
E. A. : La femme de Gaston ! Le couple possédait le corps de ferme qui voit grandir ce projet. On a voulu leur rendre hommage. Gaston a la salle polyvalente, Bernadette la multisensorielle. Je sais, je parle encore des autres. On ne se refait pas.
Vient alors le temps de l’introspection. Vous vous dites quoi ?
E. A. : Je me demande jusqu’où je peux, dois et veux aller. Ce sont des questions perturbantes mais essentielles. En France, on dénombre 11 millions d’aidants. Sur ce chiffre, 60 % ne se considèrent pas comme tels. Il y a un réel déni. Et un risque d’atteindre un point de rupture moral et physique.
D’où les Bobos à la ferme. Qu’y fait-on ?
E. A. : Rien, tout, un entre deux. Je m’explique. Les Bobos sont une fenêtre de respiration que les hôtes ouvrent plus ou moins grand. Les aidants passent entre deux et sept nuits. On propose la location de matériel médical, la continuité des soins. On a même une Bobomobile. Certains prennent la tangente en couple, d’autres en profitent pour renouer les liens de la fratrie.
Qui sont vos relayeuses ?
E. A. : Des professionnelles de l’accompagnement. Des monitrices-éducatrices, des aides médico-psychologiques opérationnelles jour et nuit. C’est un vrai luxe pour les aidants. Il choisit le volume horaire souhaité mais aussi le profil de la relayeuse.
Vous portez aussi le pôle parents-aidants. C’est quoi ?
E. A. : C’est un nouveau lieu pour soutenir les parents du Montreuillois qui aident leurs enfants malades ou en situation de handicap. Il est situé à une minute à pied de nos gîtes. On l’a souhaité comme un lieu d’échange pour s’entraider les uns les autres. Le samedi, les Rendez-vous des parents extraordinaires proposent des ateliers de sophrologie, de musicothérapie ou encore d’art thérapie.
Ils font un peu écho à la salle multisensorielle?
E. A. :Sauf que la salle Snoezelen est d’abord dédiée aux personnes en situation de handicap. Elles s’allongent sur un matelas à eau chauffant tout en contemplant un ciel étoilé. C’est un lieu apaisant avec de douces projections sur les murs, des tresses en fibre optique, une colonne à bulles.
Vous l’avez appelé salle Bernadette. C’est qui ?
E. A. : La femme de Gaston ! Le couple possédait le corps de ferme qui voit grandir ce projet. On a voulu leur rendre hommage. Gaston a la salle polyvalente, Bernadette la multisensorielle. Je sais, je parle encore des autres. On ne se refait pas.
On ne peut pas faire d’universel avec le handicap
Dates Clés
12 juillet 1982 : naissance à Orsay (Essonne)
25 juillet 2015 : naissance de sa fille Andréa
Août 2016 : acquisition d’un corps de ferme délabré à la Madelaine- sous-Montreuil
2017 : création de l’association le Laboratoire de répit
Septembre 2020 : ouverture de la salle multisensorielle Snoezelen
2021 : nommée Chevalier dans l’ordre national du Mérite
2023 : ouverture de deux chambres d’hôtes
En pratique :
Les Bobos à la ferme,
6, route de Montreuil
62170 La Madelaine-sous-Montreuil.
bonjour@lesbobosalaferme.fr
www.lesbobosalaferme.fr