électricite nucléaire
Ça va turbiner
à Gravelines

La centrale nucléaire de Gravelines, l’une des dix premières à l’échelle mondiale en termes de puissance, a été proposée par le groupe EDF pour accueillir deux nouveaux réacteurs. Même si le nucléaire fait toujours débat, c’est le chantier du siècle qui se prépare, avec une estimation de la Cour des comptes à plus de 15 milliards d’euros.
Par Gaetane Deljurie
header-GRAVELINES

Annonce historique. Le 10 février 2023, en pleine crise d’indépendance énergétique en France, le président de la République, Emmanuel Macron, annonçait la construction de six réacteurs nucléaires dans l’Hexagone… Dont deux seraient implantés à Gravelines, près de Dunkerque, sur le site d’une centrale qui fête cette année ses 43 ans. 

 Ce seront plus précisément des EPR2 (European Pressurized Reactor, réacteurs dits de deuxième génération) qui devraient entrer en service à horizon 2038. Bertrand Ringot, le maire de Gravelines, ne cache pas son enthousiasme : « J’ai toujours été candidat à accueillir de nouvelles tranches, dès mon premier mandat en mars 2001, aux côtés de la Communauté Urbaine de Dunkerque, de la Région Hauts-de-France et du Conseil départemental du Nord », explique le premier édile.  

Acte de décarboner  

Historiquement, l’implantation de cette centrale dans les années 80 ne doit rien au hasard :  l’eau de mer permet de refroidir naturellement les réacteurs et surtout, la ville de Dunkerque, détruite à 70% après la Seconde Guerre mondiale, a accueilli au fil des ans de nombreuses industries très gourmandes en énergie, comme Aliminium Dunkerque, premier industriel français, consommateur d’électricité, ou prochainement Arcelormittal, géant mondial de l’acier, dans le cadre de son projet de décarbonation. Même si l’association Virage Energie, qui lutte contre le nucléaire, parle de «territoire sacrifié concentrant les risques». 

Les deux nouveaux EPR, s’ils sont validés, permettront globalement d’accompagner la transformation de l’industrie française, et notamment dans le Dunkerquois, où parmi les nombreux sites du bassin portuaire, Arcelormittal envisage déjà de remplacer ses fours à charbon par des fours électriques, et la gigafactory Verkor, qui fabriquera des batteries de voitures électriques, sera alimentée.  

Outre la question de l’alimentation en électricité, la construction de ces deux EPR représenterait un chantier titanesque, équivalent à 4 fois le prix du Canal Seine-Nord (5 milliards d’euros), 18 fois le budget de l’extension du Port de Calais (863 millions d’euros) ! Sans oublier la création de près de 3000 emplois durant 7 à 10 ans, rien que pour la phase de construction, avec un pic à 7000 emplois. Ainsi que les centaines d’emplois et de contrats de sous-traitance qui seront nécessaires pour la maintenance et l’exploitation par la suite.  

Des retombées économiques importantes 

Rien que pour donner une idée des retombées actuelles, la centrale d’aujourd’hui, avec ses 6 réacteurs à eau pressurisée de 900 méga watts électriques (contre 1.670 MWe pour les nouveaux modèles), emploie en moyenne 2.000 salariés EDF et près de 1.800 salariés permanents d’entreprises prestataires. Si l’on prend en compte les retombées jusque sur les commerces et les hébergements, la centrale ferait vivre jusqu’à 15.000 personnes selon la mairie de Gravelines. 

« En 2022, 249 millions d’euros de prestations ont été achetées par EDF Nucléaire à des entreprises des Hauts -de -France, dont 112 millions d’euros directement pour la centrale nucléaire de Gravelines », souligne EDF. « Le site de Gravelines a par ailleurs reversé 83,6 millions d’euros d’impôts et taxes locaux et a maintenu son engagement auprès de ses partenaires en distribuant 84.000 euros, notamment au Téléthon et aux Restos du Cœur de Dunkerque, deux partenariats solidaires historiques. » Sans oublier les chantiers programmés, comme la rénovation du Grand carénage engagé depuis 2014 par EDF, représentant, pour le site de Gravelines, près de 4 milliards d’euros d’investissement entre 2014 et 2028, dont un tiers ayant bénéficié directement aux entreprises locales. 

  

Aujourd’hui, en attendant la maintenance de l’unité n°6 entamée au 1er avril, la centrale nucléaire de Gravelines tourne quasiment à plein régime, grâce à la remise en route de l’unité n°4, mise à l’arrêt en octobre dernier, pour des opérations de contrôle et de maintenance, Gravelines aujourd’hui produit l’équivalent de 60% des besoins en électricité des Hauts-de-France ! 

Texte : Gaetane Deljurie
EDF – Michel Guilbert ; HappyDay
Partagez cet article !
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin

Dans la même rubrique

Un engagement pour l’environnement
loin d’être du vent
Bienvenue au pays des Gigafactories
Quelle future politique d’énergie en Hauts-de-France ?
Des couches écolosmade in Bully-les-Mines
Institut Faire Faces , Le nouveau visage de la chirurgie maxillo-faciale

Vous aimez cet article

Inscrivez-vous à la newsletter iCéÔ magazine et retrouvez chaque semaine nos idées de sortie en région.

Votre magazine iCéÔ sur mesure avec une sélection d'articles en fonction de vos goûts et de votre localisation