Des couches écolosmade in Bully-les-Mines

C’est à Bully-les-Mines dans le Pas-de-Calais que la PME Naturopera a choisi de nicher un tout nouveau site de production de couches écologiques de 19.000 m2, soit presque trois terrains de football. Cela faisait plus de trente ans qu’une nouvelle usine de couches n’avait vu le jour en France !
Par Gaetane Deljurie
Naturopera-Photo-usine-Bully-les-Mines

Naturopera, c’est ce qu’on appelle une PME française « à impact ». À savoir une entreprise qui adopte des pratiques à l’impact social et environnemental positif, en les inscrivant au cœur de son modèle économique. Pionnier de la couche écologique, Naturopera est plus connu en réseau bio sous le nom de Tidoo. L’entreprise distribue également en grandes et moyennes surfaces sous la marque Carryboo ou en pharmacies avec Libellys. Sans oublier les autres marques d’hygiène féminine comme Tadam et d’entretien de la maison…

Une sacrée couche de qualité

« Nous avons fait ainsi le choix d’offrir aux consommateurs une couche de qualité, toujours plus innovante et bénéficiant du savoir-faire français », résument Kilian O’Neill et Geoffroy Blondel de Joigny, qui ont été jeunes papas et lancé l’activité en 2013. Dans le nouveau site bullygeois, ce sont près de 800 couches par minute qui sortiront des lignes de fabrication, soit 200 millions de couches par an. L’objectif d’ici deux ans est d’y faire travailler près de 100 salariés.

Le site industriel est éco-conçu. Les machines installées dans le Pas-de-Calais sont évidemment de toute dernière génération. Ultra-flexibles, elles sont capables de sortir trois types de couches sur une même ligne, en limitant le taux de déchet à un taux ridicule de 3 %. La totalité des rebuts de production sont de toute façon collectés pour être ensuite triés et recyclés.

Une démarche entièrement écoresponsable

Naturopera exploite le concept de la couche éco-responsable : le produit est 100% écologique, avec un cahier des charges exigeant (sans lotion, parfum, « pétrolatum » tant décrié et autres « cochonneries »). Les couches sont composées pour plus de la moitié de cellulose de bois géré durablement, arborant le label FSC (un arbre coupé, un arbre replanté).

Pour aller jusqu’au bout de cette démarche vertueuse dans le produit, le bâtiment se veut aussi très vert, avec la récupération de la chaleur produite par les 230 moteurs pour chauffer le bâtiment en hiver. L’été, place à un système très économique dit adiabatique, qui utilise de l’eau pulvérisée pour refroidir l’air naturellement. La consommation électrique totale du site devrait être ainsi divisée par dix, comparé à une usine classique ! La ligne de fabrication bénéficie en outre d’un réseau de filtration des poussières, afin de garantir aux employés un environnement de travail sûr.

En investissant 14 millions d’euros dans le Pas-de-Calais, Naturopera entend devenir « le leader des couches écologiques mais également le chef de file de l’innovation sur son marché », face aux géants du secteur comme Pampers ou Lotus. Si aujourd’hui 9 couches sur 10 des couches utilisées dans l’Hexagone sont fabriquées à l’étranger, cela n’a pas toujours été le cas. La région Hauts-de-France, berceau du textile nordiste, a même joué un rôle fondamental dans l’essor de la couche jetable.

Une relocalisation naturelle dans la région

C’est en 1967, à Linselles, près de Lille, dans le Nord, la famille Descamps se lance dans une activité encore inédite : la fabrication de couches culottes avec Peaudouce. Sur un marché où il n’existait alors que des changes lavables, la marque s’inspire alors de la grande tendance du jetable, venue tout droit des Etats-Unis (plus précisément du groupe Procter&Gamble et de ses fameuses Pampers).

Avec aujourd’hui 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, Naturopera veut ainsi réécrire l’histoire et recréer une filière dans la région. La fabrication d’une couche repose en effet entièrement sur une application textile : un tissu absorbant en fibres de cellulose, recouverte dessus-dessous de « non-tissé » pour éviter les fuites et de « poly » pour les absorber. 

Sous-traitant jusqu’à présent une partie de la fabrication de ses couches en Bretagne et dans les Vosges, la PME, siégeant à Boulogne-Billancourt en banlieue parisienne, a choisi de sauter à pieds joints dans l’industrie, avec le soutien de l’État dans le cadre du plan de relance, du conseil régional Hauts-de-France, de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin et de BPI France ainsi que des acteurs privés (le fonds Regain 340 géré par Turenne Groupe, la Société Générale et le CIC). 

La PME, composée aujourd’hui de plus de 100 salariés (avec des engagements auprès d’ESAT, centres d’aide par le travail pour les personnes handicapées) a atteint les 40 millions d’euros de chiffre d’affaires fin 2021. Naturopera a obtenu la double certification de responsabilité sociale et environnementale PME+ et le label BioEd (Bio Entreprise durable). Naturopera reverse chaque année 0,5% de son chiffre d’affaires à quatre associations partenaires : Le Rire Médecin (clowns hospitaliers), Imagine for Margo (contre le cancer des enfants), Règles Elémentaires (lutte contre la précarité menstruelle et le tabou des règles  ) et Vaincre la Maladie des Os de Verre.

Texte : Gaetane Deljurie
Photos : Franck Crusiaux – Naturopéra
02 février 2023
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