Cela fait plusieurs semaines que vous tournez des scènes de votre prochain film, ici à Arras et à Lens. Ce n’est pas la première fois que vous prenez la région des Hauts-de-France pour cadre. D’où vient cet attachement à la région ?
Benoît Delépine : Déjà, de mon côté, j’ai des origines picardes. Ma grand-mère a aussi habité là, dans le coin, pendant très longtemps. C’est donc une région que j’affectionne naturellement. Et puis effectivement, Aaltra avait été tourné dans la région, de même qu’Avida et Louise Michel. Après on s’en est un peu éloigné car il faut qu’on ait des paysages différents dans une œuvre cinématographique, mais on y revient car on a senti qu’on était désiré. On avait commencé l’écriture d’Effacer l’historique, en pensant à une ville moyenne comme Arras, avant même d’avoir le moindre espoir de subvention ou d’aide. On a travaillé ici pour écrire ce film et il se trouve que du coup, on a d’abord demandé à la Région Hauts-de-France. Elle a accepté tout de suite de nous accompagner dans cette aventure.
Quels étaient les éléments du scenario que vous cherchiez et que vous avez trouvé ici ?
BD : Déjà une forme de solidarité dans un lieu. C’est Suzy, un ami de Christophe Salengro, notre ‘Président inmourrable’, qui est de Lens, qui nous a trouvé ce lieu extraordinaire à Saint-Laurent-Blangy.
En quoi trouvez-vous ce lotissement extraordinaire ?
BD : Ce qui nous a plu, ce sont ces petites maisons qui ressemblent à des maisons de Monopoly. Et puis quand on a demandé aux gens les autorisations de tourner, ils ont été immédiatement partants et bienveillants.
Vous dites souvent que ce sont les gens que vous rencontrez qui vous donnent envie de faire des films. Quelles sont les rencontres qui vous ont marqué ici ?
BD : C’est délirant. Ici au Louvre-Lens, on s’est occupé de nous de manière incroyable.
Gustave Kervern : J’irai même jusqu’à dire que Régine (ndlr : la responsable des privatisations et de l’événementiel professionnel du Louvre-Lens) fait partie des belles rencontres d’une vie, tellement elle s’est mise en quatre pour nous accueillir.
BD : C’était un vrai privilège de tourner dans un tel lieu, au milieu des œuvres d’art. C’est inouï et extravagant.
GK : Pour moi, le Louvre-Lens, c’est le plus beau tournage que j’ai vécu. Tu ne peux pas imaginer le plaisir que c’est de tourner ici. Benoît comme moi, on adore l’art. On est capable d’aller voir n’importe quel musée, alors poser nos caméras ici, quel privilège. Pareil pour le musée des Beaux-arts d’Arras, même si on n’y a pas tourné, on y est allé. C’est aussi un endroit extraordinaire.
BD : On pourrait y rester des heures, tellement il regorge de chefs d’œuvres.
GK : J’ai en tête un Brughel devant lequel on est resté scotché. C’est un musée qui n’est sans doute pas assez mis en avant, mais c’est un musée inouï. Et là, on se retrouve au musée du Louvre-Lens pour faire une connerie, et on la fait devant un Rubens, un vrai.
BD : Oui, c’est surtout une scène drôle. C’est ce que veut dire Gus en parlant de connerie, mais elle ne démagnifit pas le Rubens, d’ailleurs c’est impossible. Et puis, surtout, vous le savez, on a beaucoup de respect pour la connerie.
Vous arrivez à la fin du tournage dans la région, quelle image gardez-vous de ces quelques semaines passées ici ?
GK : Moi c’est le Louvre-Lens. On a toujours aimé l’art avec Benoit. En habitant Paris, je vais souvent au Louvre parisien. Le fait de côtoyer des œuvres d’art, le beau, ça me régénère psychologiquement.
BD : L’homme est rarement arrivé au niveau de la nature. Et naturellement, quand je ne me sens pas bien, je vais soit dans un zoo, soit dans un musée. A l’époque d’Avida c’était au zoo de Maubeuge. Ici, comme Gus, ce musée du Louvre-Lens m’apaise.
Vous êtes tous les deux de grands amateurs de vin, est-ce que cette année vous aurez le temps de venir vendanger sur le terril d’Haillicourt ?
BD : Ca va être compliqué cette année. J’y étais venu il y a deux ou trois ans avec des potes, et j’avais vraiment adoré ce moment. On avait tourné des scènes d’Avida sur ce terril, et maintenant ce sont des vignes. Je crois savoir qu’ils en sortent un tonneau de vin chaque année, le Charbonnay. Quel nom extraordinaire ! En plus c’est un pote de Charentes qui m’a amené là. Ça réunit ma région d’adoption et ma région natale. Je trouve ça génial.